Pas une réunion de quartier sans que le sujet ne revienne sur la table. Trois ans après l’extinction de l’éclairage public la nuit à Albi, une partie de la population demande toujours de rallumer la lumière et fait part de son sentiment d’insécurité.
“C’est un coupe-gorge”, lance une habitante du Lude en parlant de sa rue la nuit. Derrière, d’autres enchaînent avec un argument massue : la série de cambriolages qui vient de se dérouler dans et autour de la rue Charles-Gounod à Albi. “Si une personne rentre dans les jardins, on ne la voit pas”, renchérit un riverain.
Pas de chance pour eux : rodée à la question, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, dégaine aussi vite sa réponse. La maire rappelle que, selon les statistiques des gendarmes comme de la police nationale, il n’y a pas d’augmentation des cambriolages ou des agressions quand la lumière est éteinte.
“Il y a un ressenti généré par cette extinction”, avoue-t-elle, en donnant l’exemple d’une habitante angoissée quand le lampadaire n’éclaire plus la façade de sa maison.
Mieux même, selon les élus, quand il fait noir, cela permet de voir la lampe du potentiel cambrioleur se balader. Et dans ce cas-là, comme l’a rappelé l’édile, il faut prévenir la police. “Chacun est garant”, a-t-elle insisté.
Ces arguments ne satisfont pas les participants de la réunion publique. Ces derniers demandent alors s’il n’est pas possible d’éteindre un lampadaire sur deux, voire de mettre des détecteurs pour qu’ils s’allument au passage des personnes.
“Un sur deux, ce n’est pas possible, le code de la route l’interdit”, assure la maire, contredite par un participant affirmant que, dans une commune de l’Aveyron, cette méthode est pratiquée.
Une économie de la consommation électrique de 54 %
Pour Stéphanie Guiraud-Chaumeil, “il y a un enjeu de solidarité”. Quinze communes de l’agglomération ont fait le choix d’éteindre la nuit. Cette extinction a été réalisée dans le but de faire des économies d’énergie et donc financières. Cela permet d’économiser 54 % de la consommation électrique de la ville.
Seul problème : la facture n’a pas été allégée à cause de la forte hausse du prix de l’électricité. Mais la mesure a permis de ne pas trop l’alourdir. Quant à programmer les réverbères, “cela coûte très cher collectivement”, indique la maire. “On essaie de mettre des détecteurs quand on refait”, ajoute-t-elle.
En 2023, à la suite d’une étude sur l’éclairage public révélant qu’une majorité des personnes ayant répondu était insatisfaite (59,3 %), la ville avait procédé à quelques aménagements. L’éclairage s’éteint plus tard en soirée sur la zone résidentielle (jusqu’à minuit l’hiver et 1h l’été). Et l’éclairage matinal en hypercentre a été avancé à 5h. Certains secteurs ont intégré la zone de l’hypercentre comme le parking du Bondidou ou plusieurs grosses artères.
Enfin, Jean-Michel Bouat, adjoint au maire, apporte un autre argument. Selon lui, l’extinction de l’éclairage public permet aux chauves-souris de se développer. Or, ce petit animal est le meilleur allié dans la lutte contre les moustiques…