October 14, 2025

DIRECT. Procès Jubillar : "Cédric Jubillar est un menteur… Il ment, mais surtout, il ment bien", assure Me Mourad Battikh

“Cédric Jubillar a tué Delphine… Faites en sorte que la vérité ne soit pas transformée”

Indéniablement, Me Battihk captive son audience. Désormais, il attaque un Cédric Jubillar menteur, selon lui. Un homme pris dans un “engrenage”… “S’il perd Delphine, il perd tout. Un statut, une stabilité affective et financière”. “Quel homme ne serait pas heureux de l’avoir à son bras ? Quel homme ne serait pas fier ?”, demande-t-il. “Cédric Jubillar est un naufragé et Delphine, c’est sa bouée. Il ne la lâchera jamais”. L’avocat revient sur les tentatives “pathétiques” de l’accusé de reconquérir sa femme. “Et là, je le crois sincère, il s’aplatit, il s’humilie…”

Ensuite, le pénaliste parisien évoque un homme “qui ne hurle pas, qui ne crie pas dans le box”. “Il ne peut pas hurler son innocence, car il n’a pas le script de l’innocence”, explique-t-il ensuite, ajoutant que Cédric Jubillar n’est pas innocent. “La réalité, c’est que Delphine allait partir et Cédric a voulu reprendre la main. Alors le 15 au soir, il saisit Delphine par le cou avec son avant-bras droit, il l’étrangle, l’étouffe et elle meurt”. Me Battikh a déroulé son hypothèse du scénario macabre de cette nuit. “Si lui ne peut pas la garder, elle n’appartiendra à personne”.

“Mesdames et messieurs les jurés, vous n’avez pas le pouvoir de réparer, mais celui de rétablir”, lance-t-il dans leur direction. “Cédric Jubillar a tué Delphine… Faites en sorte que la vérité ne soit pas transformée en mensonge. Vous êtes les derniers remparts”. Me Mourad Battikh a fini sa plaidoirie… L’audience est suspendue.

Me Battikh et les “caméras” d’un meurtre

Me Mourad Battikh élabore une théorie selon laquelle des “caméras” confirment que le meurtre de Delphine Jubillar par son mari s’est déroulé dans la maison de Cagnac-les-Mines. “Il faut rappeler, qu’en France, les féminicides ont lieu dans les cuisines, les chambres, les salons… C’est pour cela que Cédric veut absolument traîner les faits en dehors de la maison”.

Première caméra, selon le pénaliste : le fils, Louis, un premier “angle de vue”. Il a assuré avoir “entendu papa et maman se disputer entre le sapin et le canapé” Ensuite, la deuxième caméra : les lunettes. “Elles parlent et ont subi la violence, ce soir-là. La branche a été retrouvée entre le canapé et le mur, et le reste des lunettes est fracassée à 83 joules. Comme par hasard, la puissance moyenne du coup-de-poing d’un homme de 35 ans (80 joules)”.

Troisième caméra : “Les chiens, qui aboient sentant la tension d’une scène de violence qui se poursuit à l’extérieur”. La quatrième caméra, selon le conseil, ce sont les voisines qui ont entendu des “cris continus” le soir de la disparition. Cinquième caméra : le voisin qui voit, dans cette maison censée être endormie, une lumière allumée à l’intérieur. Sixième caméra : la machine à laver. Pourquoi dans cette maison mal rangée, un “taudis”, Cédric a-t-il envie d’y placer des chaussettes la nuit de la disparition ? Enfin, septième et dernière camera : le téléphone de Delphine qui, c’est certain, est aux alentours de la maison jusqu’à 7h48. “Ce serait donc un rôdeur ou l’amant qui, au lieu de s’enfuir, serait resté jusqu’à cette heure-là ? Pourquoi pas”, ironise Me Battikh.

Selon lui, la réalité, “c’est que cette maison ne dort pas entre 23h et 4h du matin. Cédric Jubillar est un menteur… Il ment, mais surtout, il ment bien”.

“Donat-Jean a tiré le gros lot avec Delphine… C’est une bombe atomique”

Me Mourad Battikh parle pour la famille, la tante, l’oncle, les cousins, les cousines… “Ils ressentent tous une forme de culpabilité”. Mais aussi pour Donat-Jean. “Il est sympa, probablement charmant, et il a tiré le gros lot avec Delphine… C’est une bombe atomique, elle est belle comme le jour”, clame l’avocat s’excusant d’être trivial. “Évidemment qu’il rêve de s’installer avec elle, de se marier avec elle, d’avoir un enfant avec elle. Il veut que ce soit sa femme… et même ça, on le lui a confisqué”, en induisant qu’il était le “suspect numéro 1”, après sa déposition.

À la barre, Me Battikh, avocat d’une partie de la famille et de l’amant de Delphine, “la grande absente de ce procès”

Le volubile Me Mourad Battikh avance vers la barre. Sa plaidoirie est particulièrement attendue, ses interventions des derniers jours ont plu au public. Le début du procès avait été plus mitigé pour l’avocat parisien. Quoi qu’il en soit, il commence son propos en avouant être persuadé que Cédric Jubillar “aime” Delphine. L’avocat continue en félicitant la défense. “Mais cela ne doit pas être un duel d’avocats. Ce qui doit triompher aujourd’hui, c’est la vérité judiciaire”.

“Cédric Jubillar n’est pas un monstre”, avoue-t-il à son tour après Me Akkori. “Quand il dit qu’il aimait Delphine, je le crois sincère. […] Ils se sont aimés très sincèrement. Pour Delphine, Cédric est son premier amour… Ils ont tout construit ensemble”.

Me Battikh rappelle son rôle : “Je dois parler pour la famille, pour Donat-Jean, (l’amant récemment constitué partie civile). Et je crois que je dois aussi parler un peu aussi pour celle qui n’a plus de voix, qui est la grande absente de ce procès : Delphine Jubillar”.

Une affluence modérée pour les plaidoiries, l’attitude calme de l’accusé…

Le public n’est plus au rendez-vous à l’heure des plaidoiries des avocats des parties civiles. Les bancs sont clairsemés… Une vingtaine de personnes attendaient à 8h, quand ils étaient trois fois plus la veille pour l’ultime interrogatoire de Cédric Jubillar.

L’accusé, lui, est avachi sur son siège. Il observe attentivement les avocats se succéder à la barre… Et semble attendre que le temps passe.

“Toutes les pièces s’assemblent pour former le puzzle de la vérité”

Conclusion de Me Pressecq après trente minutes de plaidoirie : “Pour moi, cet homme est coupable du meurtre de son épouse”. “Si vous ne le condamnez pas, que va-t-on dire à Louis après toutes ces années ?”, adresse-t-il aux jurés. “Alors que si vous le déclarez coupable, tout deviendra logique”, continue l’avocat de Lolita. “Toutes les pièces s’assemblent pour former le puzzle de la vérité”.

Me Pressecq défend les gendarmes, “l’enquête a été parfaitement bien faite” 

Me Pressecq s’en prend aux attaques de Mes Martin et Franck sur la manière dont a été menée l’enquête : “J’ai été surpris de la position de la défense qui dit que cette enquête est malhonnête”. “Dans cette enquête, vous avez des moyens technologiques et humains inédits”.

L’avocat enchaîne : “Au début, les enquêteurs étaient dans une enquête de droit commun, ils n’avaient pas le droit de fouiller. C’est dommage d’ailleurs, car s’ils avaient fouillé les poches de Cédric Jubillar, ils y auraient sûrement trouvé le téléphone de Delphine. Mais personne dans cette enquête n’a fait preuve de légèreté”. Il ajoute : “Une équipe de gendarmerie a été dédiée à la recherche de Delphine Jubillar. Ils ont fait leur travail de manière honnête”.

Les gendarmes n’auraient étudié que la piste de Cédric Jubillar ? L’avocat tarnais invoque les recherches effectuées sur les hommes du secteur inscrits au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais). Le conseil dénonce les “effets de manche” de la défense. Me Pressecq accuse ses confrères de la défense de “malhonnêteté “, car “l’enquête a été parfaitement bien faite”. “On a voulu attendre les assises pour faire un scandale”.

Au tour de Me Philippe Pressecq, avocat de la cousine de Delphine Jubillar, Lolita

L’avocat de Lolita, cousine de Delphine Jubillar, se lève, c’est à lui de plaider. “Cela fait près de cinq ans que je suis aux côtés de Lolita”, introduit Me Philippe Pressecq. “Lolita, c’est cette jeune femme avec son foulard rose vissée à son cou, une jeune femme qui ne s’est pas résignée, qui n’a cessé de marcher dans les bois pour chercher sa cousine”.

“Qu’avons-nous appris au cours de cette longue audience ? Beaucoup de choses techniques”, assure l’avocat albigeois. “Nous avons été émus, nous avons cherché à comprendre et j’ai eu le sentiment qu’il y avait beaucoup de gens cabossés qui passaient à la barre”.

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“Je vais vous avouer quelque chose : au tout début je n’y croyais pas trop à la culpabilité de Cédric Jubillar, je me disais que le costume de criminel était peut-être trop grand pour lui”, raconte le conseil de Lolita. “Et le dossier a commencé à se construire. Il n’y a pas une personne dans le dossier qui dit que c’est impossible que ce soit lui”.

Me Géraldine Vallat plaide pour Nadine F., la mère de Cédric Jubillar

Me Géraldine Vallat a la parole… “Moi aussi, je veux la vérité pour les enfants”, “je ne suis pas là pour l’argent”, clame Me Vallat en parlant pour sa cliente, Nadine F., la mère de Cédric Jubillar. Sa constitution en tant que partie civile avait fait polémique. “Celle-ci se sent coupable depuis 5 ans, notamment de ne pas avoir essayé de mieux connaître Delphine”. Elle est un “bloc de culpabilité” et elle a besoin de savoir “comment cette mère a disparu”.

“Nadine est une victime de la vie et cette mère de famille a retrouvé la foi à travers ses petits-enfants, Louis et Elyah”. “Elle assume seule et devient la mère utilitaire dans ce dossier”. En garde à vue, Nadine F. a supplié son fils “de dire la vérité et de penser aux petits”. L’avocate insiste : sa cliente se bat pour les enfants. “Elle a besoin de savoir comment Delphine a disparu, elles ont le même arbre généalogique, elle est devenue grand-mère”.

Me Vallat s’adresse à sa cliente : “Je crois pouvoir dire, Nadine, que vous avez réussi, que vous avez été écoutée, en déposant avec humilité”. Puis, elle plaide : “Deux mondes se sont rencontrés dans cette tragédie : celui de Nadine et celui de la famille de Delphine Jubillar. L’audience aura permis de réconcilier ces deux mondes”. Avant de conclure, l’avocate rappelle que Nadine F. “n’a rien à gagner dans cette audience”… Son seul objectif serait de protéger et parler pour les “petits”. “Cette femme sortira avec le verdict, un point de départ pour un renouveau, une autre vie, aux côtés de Louis et Elyah”.

“L’absence de corps n’est pas une preuve en moins mais c’est une sauvagerie en plus”

Totalement engagée dans son propos, Me Pauline Rongier continue : “On parle de crime parfait, mais ce crime est plein d’erreurs : le sens de la voiture, les lunettes… Ce crime est brouillon”.

“Dans cette affaire vous avez tout pour le condamner, si vous ne le faites pas il y aura encore des Cédric Jubillar qui estimeront qu’ils peuvent faire disparaître leur femme en toute impunité”. La pénaliste parisienne clame ensuite : “L’absence de corps n’est pas une preuve en moins mais c’est une sauvagerie en plus”.

Les violences sur les enfants, des éléments du “schéma du féminicide”

Me Rongier tient à rappeler à l’assistance que les violences commises sur les enfants, et notamment Louis, sont des éléments des schémas du féminicide… “C’était une prison dans laquelle était Delphine”. Puis, lorsqu’à l’été 2020, la victime a eu un “soupçon de vie” grâce à la rencontre avec un homme, elle “envisage le divorce”.

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“Le 15 décembre, Delphine change ses codes de cartes bleues, la rupture arrive et, alors, l’accusé passe à l’acte”, déroule l’avocate. “Il éteint son téléphone à 22h08 et il va commettre ce crime, un crime sans cadavre, ce qu’on appelle un crime de propriétaire”.

“L’affaire Jubillar aurait dû être celle du féminicide de Delphine”

“Emeline, ‘Emy’, est celle qui a cherché, organisé les battues”, commence, très calmement, Me Pauline Rongier. “Ma cliente espérait encore lors de ce procès, qu’elle aurait des réponses ou des indices pour trouver Delphine”. L’avocat assure “qu’il faut restaurer la dignité de Delphine”. Selon elle, “l’affaire Jubillar aurait dû être celle du féminicide de Delphine”. “Quand on n’a pas de cadavre, on regarde tout le reste”, estime Me Rongier, le ton posé et le corps penché vers l’avant, les mains posées sur la barre. “Comment rester insensible quand son amie n’a pas de lieu de recueillement ?”

L’avocate parisienne s’attaque donc à l’angle sociétal de l’affaire qu’elle décrit comme un “féminicide” mais aussi celle des “violences intrafamiliales”. “Cette affaire est historique et une étape fondamentale dans la lutte contre les violences conjugales”, assure-t-elle face à la Cour. “Il faut aller dans le sens du progrès”… Selon Me Rongier, ce procès doit être le début d’une prise de conscience. “Il faut admettre que même sans corps, il s’agit d’un féminicide”.

“La disparition du corps de Delphine est la destruction et l’anéantissement suprême de la victime”, déclare l’avocate, non sans émotions. Me Rongier rappelle : “Il y a plus de 100 femmes par an qui se font tuer ainsi”.

Me Pauline Rongier plaide pour “Emy”, une autre amie de Delphine

“Je ne pense pas que Cédric soit un monstre pervers et froid”

Me Akkori affirme qu’elle doit avouer quelque chose : “Je ne pense pas que Cédric Jubillar soit un monstre pervers et froid, j’assume de le dire… il m’a touché par ses failles, par son histoire”.

“Il m’a peiné par son incapacité à vivre sa propre histoire”.

Me Akkori s’emploie, ensuite, à parler à la place de sa cliente : “Je suis juste une amie discrète. Une amie qui a eu le courage de venir déposer devant vous et devant lui. Une amie qui demain sera seule, sans Delphine, seule face à sa peine”.

Me Safya Akorri, avocate d’Anne S., amie de Delphine Jubillar, est la première à plaider

“Anne S. est de nature discrète”, affirme Me Safya Akkori qui tranche en affirmant qu’elle ne l’est pas, discrète. “Mais en hommage à ma cliente, je vais faire dans la retenue”. L’avocate s’adresse aux jurés, symboles de la justice. Son ton est calme et extrêmement posé. “Je ne veux pas tomber dans le pathos ou dans les effets de manche”.

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“Je vais vous faire une confession : certains avocats ont perdu la dignité de leur robe lors de ce procès”. Me Akkori pointe les dérives des interventions médiatiques de certains, “ma cliente, elle, a choisi la discrétion”. “La meilleure façon de rendre hommage à Delphine Jubillar est de vous laisser faire le tri sereinement”. La conseil dénonce le harcèlement de sa cliente par des “mamans de l’école de Cagnac-les-Mines”. “Elles nient, mais elles l’ont fait”.

“Les mamans qui ont défilé à la barre, elles l’ont ostracisée sur des groupes Facebook et des inconnus en ont rajouté une couche en postant une photo d’elle sur les réseaux sociaux”, continue l’avocate.

L’audience est reprise… Début des plaidoiries des parties civiles 

“Je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m’a fait subir”

La fin d’après-midi hier a également été marquée par la lecture d’une lettre de Louis, le fils aîné de Cédric et Delphine Jubillar, qui s’en prend à son père, responsable selon lui de la disparition de sa mère il y a 5 ans. Cette séquence est à retrouver dans notre replay de la journée d’hier.

L’amant de Montauban se constitue partie civile

Hier a eu lieu un rebondissement inattendu dans le procès Jubillar : l’amant de Delphine, Donat-Jean, s’est constitué partie civile, estimant que l’accusé lui a “arraché Delphine”. Notre article à lire ici .

Découvrez l’ordre de passage des 9 avocats des parties civiles ⬇

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Bonjour et bienvenue dans ce direct consacré au 15e jour d’audience du procès de Cédric Jubillar

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