October 13, 2025

PAC, Mercosur, sécheresse : les agriculteurs audois au bord de la rupture

l’essentiel
Jérôme Barthès est inquiet. Le président de la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles), sent poindre un sentiment de découragement parmi ses troupes, une démobilisation alors que, explique-t-il, “il est plus que jamais important de rester mobilisés”.

Le contexte politique avec ses soubresauts n’est pas rassurant “et même compliqué”, estime Jérôme Barthès. Quant à la situation internationale, elle ne l’est pas davantage “avec un baril de pétrole à la baisse, ce qui aura, inévitablement, une incidence sur les cours de céréales”, pointe le responsable syndical, soulignant qu’”en blé dur comme en blé tendre les pays producteurs pourront, à moindre coût, inonder le marché français. Celui-ci, avec des récoltes hétérogènes, voit ses agriculteurs perdre de l’argent”.

“Les gens se résignent et ce n’est pas bon !”

Quant au tournesol, les moissons n’étant pas terminées, il est permis d’espérer “mais la canicule au moment de la floraison fait craindre des rendements vraiment bas”. Et Jérôme Barthès d’expliquer que c’est la raison pour laquelle la FDSEA a souhaité rencontrer le préfet pour obtenir un dégrèvement de la taxe foncière non bâti. “C’était il y a plus de quinze jours. Nous n’en avons pas de nouvelles. Faute de réponse, on va le relancer, voire mettre une forme de pression. Nous espérons un premier signe de l’État pour venir en aide à l’agriculture de notre département toutes filières confondues, toutes impactées par ces conditions climatiques extrêmes”.

Il revient sur la dernière action qui s’est déroulée à Carcassonne il y a une quinzaine de jours, lancée par les instances nationales du syndicat. “Force est de constater que, même si la période n’était pas idéale en raison des moissons et des vendanges, nous aurions dû être un peu plus nombreux puisque la manifestation était prévue sur la matinée. Il ne faut surtout pas que les gens baissent les bras pour faire entendre leurs revendications. Il est facile de tout abandonner mais c’est justement là qu’il faut se serrer les coudes, qu’on se réunisse et qu’on se fasse entendre”. Se faire entendre lui semble plus que jamais indispensable, les avancées obtenues lors des grandes manifestations de janvier 2024 étant restées pour la plupart à l’état de promesses. “La seule obtenue est sur le GNR, gazole non routier, pour laquelle nous n’avons plus à faire l’avance de la taxe”.

“De toute façon, il va falloir ressortir”

Quant à la loi d’orientation agricole qui a été votée et donc inscrite dans le marbre, “nous n’en avons vu, à ce jour, aucun effet sur nos exploitations”. Les contrôles ? “De la poudre de perlimpinpin puisqu’un agriculteur peut être contrôlé plusieurs fois sur différents sujets : PAC, main-d’œuvre, environnement… On est loin du contrôle unique que nous avions souhaité. Nous devions nous revoir avec l’ancien préfet en fin d’année sur ce sujet. J’espère que nous rencontrerons son successeur. Il en va de même de la simplification administrative : on est dans la communication. Ce pays est suradministré et j’ai même l’impression que plus on demande de simplification, plus on nous rajoute de papiers à remplir. Il y a vingt ans, nous étions 1,2 million d’agriculteurs et il y avait 16 000 administratifs. Aujourd’hui on est moins de 400 000 exploitants agricoles pour 36 000 agents, et ça ne nous rend pas plus productifs, au contraire ! C’est ce qui nous freine”. Il revient sur les promesses faites par la ministre à Marseille concernant la prime couplée blé dur. “Aucun retour quand on demande des précisions, ni sur les conditions d’attribution”. Et de poursuivre en évoquant les disparités au niveau européen en termes de produits autorisés ou non. Autant de sujets de mécontentement qui font que, selon lui, une nouvelle action s’avérera nécessaire. “De toute façon, il va falloir ressortir”.

Le Mercosur, “un véritable fiasco au niveau français”

Autre inquiétude, le Mercosur, l’alliance économique avec l’Amérique du Sud dont la signature au niveau européen, à son avis, n’est qu’une question de temps. “C’est un véritable fiasco au niveau français. Cela se fera sans nous mais cela se fera. Quel que soit le métier, en France, on fait tout pour tuer la productivité. Sous divers prétextes, on nous empêche, nous dans le monde agricole, d’être compétitifs avec les autres pays. C’est pareil dans le domaine du transport, un domaine abandonné, chez nous, aux professionnels étrangers”.
Autre source d’inquiétude, la future PAC avec 20 milliards d’euros de budget en moins. “C’est un budget commun, pas un budget spécifiquement réservé à l’agriculture. Rien ne dit que les 51 milliards, déjà amputés de 20 %, attribués à la PAC agricole française vont en totalité être donnés à l’agriculture et ne pas être ponctionnés pour un autre usage. Et pourtant, nous, en Occitanie, on a besoin de ce soutien, encore plus qu’ailleurs”.
En attendant, le président de la FDSEA compte organiser une réunion pour voir l’état d’esprit de ses troupes et projeter, avec elles, ce qu’il convient de faire !

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