La dermatose nodulaire bovine gagne du terrain au sud des Pyrénées. En Ariège, éleveurs et institutions craignent une propagation vers le territoire français et ses conséquences sur les élevages.
La confirmation de deux foyers de dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) dans l’Empordà, en Espagne, a suscité l’alerte en Ariège. Si le département n’est pas encore concerné par des restrictions, 75 communes des Pyrénées-Orientales sont désormais en zone de surveillance depuis le 4 octobre. Et le spectre d’un élargissement rapide inquiète.
“Le risque, c’est qu’il y ait d’autres cas côté espagnol. Et si ça s’approche de nous, une zone de surveillance sera mise en place”, prévient Philippe Lacube, président de la Chambre d’agriculture de l’Ariège. L’entrée en zone réglementée entraînerait une série de contraintes majeures : interdiction de mouvements de troupeaux, de rassemblements, de ventes (hors abattage), et immobilisation des animaux encore en estive. Une perspective préoccupante alors que de nombreux bovins ne sont pas encore descendus des montagnes.
“Tous les troupeaux ne sont pas descendus, loin s’en faut. Et là, ça bloquerait les animaux en estive. Ils n’auraient pas le droit de redescendre”, indique Philippe Lacube. Une telle situation forcerait les éleveurs à nourrir les bêtes sur place, même dans des zones difficilement accessibles à pied, comme c’est le cas dans certaines estives ariégeoises.
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Face à cette éventualité, la Chambre d’agriculture et la fédération pastorale appellent à “ne pas prolonger inutilement le pâturage en estive et à commercialiser au plus tôt les animaux que vous souhaitez vendre”. “Il est de notre devoir de vous alerter, mais libre à chacun d’agir en connaissance de cause”, insistent les deux organisations agricoles dans leur communiqué commun.
Une inquiétude croissante
L’apparition de la DNC au sud des Pyrénées survient alors que d’autres maladies virales, comme la FCO (fièvre catarrhale ovine) et la MHE (maladie hémorragique épizootique), continuent de peser sur les élevages. Si leur expression clinique semble s’être atténuée cette année en Ariège, les séquelles sont bien présentes : “Il y a des veaux qui manquent, des agneaux qui manquent… Des bêtes vides, des problématiques de fertilité”, note Philippe Lacube.
La DNC, quant à elle, est classée en catégorie A, la plus sévère en matière sanitaire. “Ce n’est pas pour rien : c’est une maladie particulièrement grave. Quand ça te tombe dessus, c’est un drame”, alerte le président, évoquant un éleveur du Rhône ayant perdu 90 vaches en 48 heures.
La préfecture de l’Ariège appelle les agriculteurs à être vigilants : “Il est demandé aux éleveurs de surveiller quotidiennement l’état de santé des animaux, d’alerter immédiatement leur vétérinaire sanitaire en cas de suspicion et de respecter les règles de biosécurité.”
Dans un contexte de multiplication des crises sanitaires, les appels à une refonte des politiques vétérinaires et à une meilleure anticipation se multiplient. L’élevage ariégeois, déjà ébranlé par la prédation et la pression économique, espère désormais échapper à une nouvelle secousse. “La maladie n’est pas chez nous. Mais elle n’est quand même pas très loin…” conclut Philippe Lacube.