October 11, 2025

Pollution de l’air : la Haute-Garonne championne de concentration de pesticides, les perturbateurs endocriniens causeraient 40 000 décès par an en France

l’essentiel
L’observatoire régional de l’air Atmo Occitanie rend public les résultats d’une première étude inédite en France sur la présence de pesticides, perturbateurs endocriniens et les polluants éternels (PFAS) que l’on respire chaque jour.

L’air qu’on respire, l’équivalent de 15 000 litres par jour pour un adulte, est-il sain ? Dans nos métropoles de plus en plus polluées, la réponse est bien évidemment négative et les perturbateurs endocriniens en sont la principale conséquence. C’est une affaire de santé publique. Pour la première fois en France, une étude simultanée de l’Observatoire régional de l’air Atmo Occitanie a évalué la présence des pesticides, perturbateurs endocriniens (PE) et PFAS (per et polyfluoroalkylées) dans l’air de la région. Ces substances, dites “à enjeu sanitaire”, sont mesurées sur dix sites, dont deux dans les métropoles de Toulouse et Montpellier, et sur des zones rurales agricoles, notamment en Haute-Garonne et ses grandes cultures.

Une exposition généralisée de la population aux pesticides

Entre 2023 et 2024, sur 192 molécules qui ont fait l’objet de recherches, 105 ont été détectées : 47 sur 88 contiennent des pesticides, les perturbateurs endocriniens apparaissent sur 56 molécules, enfin les experts ont répertorié 10 PFAS sur 50. Ces chiffres traduisent une exposition généralisée de la population à ces substances présentes dans l’air toute l’année, en milieu urbain comme rural.

La domination des phtalates

Rappelons que les PE sont des substances qui dérèglent le système hormonal, présentes dans les pesticides, les plastiques, les cosmétiques ou les combustions. Sur les cinq sites de suivi, 100 % des échantillons contiennent au moins un perturbateur endocrinien. En Haute-Garonne, 46 à 50 molécules différentes ont été identifiées, dont des phtalates, issus de la dégradation des plastiques, des HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) liés à la combustion, des composés de répulsifs, détergents ou retardateurs de flammes. Ces derniers sont plus présents en hiver, à cause du chauffage et du trafic. À noter que les phtalates dominent, ils sont détectés toute l’année mais demeurent plus concentrés l’été. Enfin, le naphtalène et le benzo [a] pyrène, cancérogène et perturbateur endocrinien, sont retrouvés dans plus de 40 % des échantillons.

Trafic routier et usage domestique de produits chimiques

Le site Haute-Garonne (Grandes cultures) enregistre encore les concentrations cumulées les plus élevées de la région pour les pesticides (jusqu’à 192 ng/m³). L’enquête d’Atmo Occitanie relève que le prosulfocarbe, un herbicide suspecté d’effets endocriniens, reste majoritaire malgré une baisse due au renforcement des réglementations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). En parallèle, la métropole de Toulouse présente des niveaux de PE comparables aux grandes villes françaises, notamment en raison du trafic routier et de l’usage domestique de produits chimiques.

Atmo souligne que les effets sur la santé ne dépendent pas uniquement des concentrations, mais de l’effet cocktail entre multiples substances à faibles doses. Les PE agissent parfois “sans seuil de sécurité”, pouvant provoquer des troubles hormonaux, métaboliques ou de reproduction même à faibles concentrations.

Une “multi-exposition chronique”

Cette campagne met en évidence une “multi-exposition chronique” et invite à poursuivre la surveillance à long terme. Pour Atmo, il s’agit de “construire un observatoire de l’air de demain” capable de fournir des données fiables sur l’impact sanitaire des contaminants atmosphériques. On estime à 40 000 en France le nombre de décès à cause des perturbateurs endocriniens qui pourrait être évité chaque année. “La population de pose des questions légitimes en matière d’impact sanitaire”, résume Dominique Tilak, directrice générale d’Atmo Occitanie.

 

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