Trente ans plus tard, le Succès n’a pas dit son dernier mot. Le chef-d’œuvre sucré d’André Bèges renaît à Réalmont.
On l’avait cru perdu à jamais, ce doux souvenir d’enfance à la crème pralinée, seules les papilles s’en souviennent. Et pourtant, il est de retour. Le Succès, le vrai, celui d’André Bèges, a retrouvé sa place dans les cœurs et dans les vitrines réalmontaises.
Et ça, les gourmands de plus de trente ans ne s’en remettent toujours pas. Jusqu’en décembre 1993, la petite pâtisserie Bèges, nichée au coin de la rue Jean-Jaurès, à deux pas de la place de la République, faisait figure d’institution.
Une échoppe minuscule, sans pain — ici, point de baguette — mais un univers de douceurs sucrées, concoctées par Monsieur et Madame Bèges, artisans discrets et appliqués. Chaque mercredi, c’était la part de millefeuille, offerte par Mamie Rose, avec ce petit point de fruit confit rouge en son centre, marque de fabrique maison. Mais le joyau absolu, le Graal pâtissier, c’était le Succès au praliné. Une merveille de gourmandise, dont la recette, jamais transmise à l’époque, avait disparu dans les brumes du temps avec le départ à la retraite du maître-pâtissier.
Et voilà qu’en 2025, Guillaume Hervot, épaulé par sa compagne Cindy, redonne vie à ce monument sucré. Non pas dans la boutique d’origine — la leur se situe place Guy-Gascuel, quelques ruelles plus bas — mais dans le même esprit d’exigence, de tradition et de transmission.
Car oui, André Bèges, trois décennies après avoir rangé ses fouets, a choisi de passer le flambeau, livrant la précieuse recette à Guillaume, pour qu’enfin, le Succès revive. Résultat : les anciens retrouvent les saveurs d’antan, les plus jeunes découvrent un classique qui n’a rien perdu de son panache.
Un retour sucré, une résurrection gourmande, une madeleine de Proust au praliné qui fait mouche. Dans un monde qui court, c’est une pause, une respiration. Une bouchée d’enfance retrouvée. Et à Réalmont, ce genre de miracle s’appelle tout simplement un Succès.