Des droits de douane de 15 % s’appliqueront dès le 1er août sur les produits européens exportés aux États-Unis. Concernés, les vins et spiritueux du Gers nourrissent encore l’espoir d’y échapper.
L’annonce a eu l’effet d’une onde de choc sur le Vieux Continent. Conclu dimanche dernier par Donald Trump et Ursula von der Leyen, l’accord commercial entre les États-Unis et l’Europe prévoit des droits de douane américains à hauteur de 15 % sur les produits européens.
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Si de nombreux secteurs sont lourdement touchés par cette surtaxe, d’autres peuvent encore espérer y échapper, à l’image des vins et spiritueux. La présidente de la Commission européenne a ainsi déclaré que “certains produits agricoles” seront exemptés de taxation à 15 %, sans toutefois préciser lesquels. Dans ces conditions, difficile de se prononcer. “On attend la réponse, on devrait l’avoir d’ici la fin de la semaine”, témoigne Olivier Goujon, directeur du Bureau national interprofessionnel de l’armagnac (BNIA).
“Le monde des affaires n’aime pas l’incertitude”
Cette incertitude constante pèse évidemment sur l’activité du monde viticole ces derniers mois, comme le confirme Denis Lesgourgues, à la tête du château de Laubade, une prestigieuse maison familiale située à Sorbets, dans le Gers. “On est tout le temps suspendu à ces annonces et le monde des affaires n’aime pas l’incertitude”, commente-t-il.
Pas de quoi rester passif pour autant. Le marché américain représente un marché trop important pour le producteur d’armagnac gersois. “Après la France, c’est notre premier débouché”, confirme Denis Lesgourgues, évoquant un tiers du chiffre d’affaires réalisé outre-Atlantique. Le château de Laubade a donc poursuivi son activité aux États-Unis cette année, profitant en grande partie de sa filiale américaine basée à New York. “On arrive à trouver un juste milieu en rognant un peu sur nos marges. À l’inverse de beaucoup d’importateurs qui ont souhaité geler leurs achats, on a souhaité continuer malgré l’incertitude et ça nous a plutôt bien réussis depuis le début de l’année”, précise-t-il, sans perdre de vue une possible exemption. “On souhaite vraiment que les spiritueux et le vin en fassent partie mais pour l’instant, on n’a pas d’information plus concrète, alors qu’on est à quelques jours de la mise en place.”
“Connaître la règle du jeu”
Ce grand flou, les vins Côte de Gascogne en subissent également les conséquences économiques, à l’image des producteurs de Plaimont. Si les États-Unis ne constituent pas encore un marché “mature” pour cette union de caves coopératives basée dans le Gers, une surtaxe de 15 % pourrait considérablement freiner sa progression. “La première victime, ça reste le consommateur lui-même, nuance toutefois le président de Plaimont, Olivier Dabadie. La valeur de sa bouteille va prendre 15 % dans son magasin. Est-ce qu’il va pour autant faire d’autres choix de consommation ? L’avenir nous le dira mais cela n’aide pas la filière.”
Reste à savoir désormais si la surtaxe sera donc bien appliquée sur les vins et spiritueux européens. Pour le président de Plaimont, le plus important est finalement de “connaître la règle du jeu”, qu’elle soit “favorable ou non” à la filière. “L’exemption totale de taxes est un objectif, conclut-il. Il faut que cette période de flou cesse pour redémarrer correctement nos échanges avec les États-Unis.”