October 6, 2025

"Il a ruiné ma vie" : le rencard vire au cauchemar, une femme de 22 ans violée dans son appartement

l’essentiel
Âgé de 24 ans, un jeune landais est accusé de viol sur une jeune gersoise. Trois ans après les faits, il comparait devant la cour criminelle du Gers et risque jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle. Récit.

“Je lui ai dit que si elle n’était pas consentante, il y avait un terme pour ça : c’est un viol…” Comme dans de nombreux cas similaires, tout commence par des messages échangés sur les réseaux sociaux. Ils sont ponctués d’un “bonne nuit princesse”, un jeu de séduction, puis une mise en confiance.

Mais à l’inverse d’un conte de fées où les bases d’une relation amoureuse auraient pu se former, c’est un véritable cauchemar qu’a vécu Marine*, 24 ans.

Trois ans après les faits, elle porte encore les stigmates d’une nuit interminable et d’une longue procédure judiciaire qui l’a contrainte à raviver de douloureux souvenirs.

Une rencontre qui bascule

Courageuse, elle a dû faire face de nouveau, ce lundi 6 octobre, à son agresseur présumé, César D., âgé aujourd’hui de 25 ans. Cet ancien charpentier, originaire des Landes, est dans le box des accusés. Il est jugé devant la cour criminelle du Gers pour un viol présumé survenu en 2023.

Tout commence par un ajout sur Facebook, puis des échanges de messages.

Le courant semble passer et la confiance s’installe. Au point où Marine se confie sur son mal-être et le traitement qu’elle prend. Le rendez-vous est fixé. Le 24 mai, les deux jeunes se retrouvent à Cazaubon, au bord du lac de l’Uby, pour se rencontrer et partager un fast-food.

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Rapidement, un malaise s’installe. César se montre entreprenant. Il tente d’embrasser Marine, de dégrafer son soutien-gorge, lui fait des câlins. Mal à l’aise, elle tente à plusieurs reprises de le repousser. En fin de soirée, elle décide de rentrer chez elle.

Les faits se seraient déroulés à Cazaubon après un rencard au bord du lac.
Les faits se seraient déroulés à Cazaubon après un rencard au bord du lac.
DDM ARCHIVES – ILLUSTRATION SEBASTIEN LAPEYRERE

Arrivée devant son appartement, elle se rend compte que César l’a suivie. “Je t’ai payé des nuggets, tu dois me payer un coup à boire”, aurait-il lancé avant de s’inviter au domicile de la jeune femme. Face à l’insistance, elle se résout à le laisser entrer et à lui faire visiter les lieux, un duplex.

Le viol et ses suites immédiates

Devant la cour, Marine a du mal à revenir sur ce qu’il s’est ensuite passé. La matinée est consacrée au récit des faits, à l’enquête et au témoignage de sa collègue de travail et de sa mère. En début d’après-midi, elle est appelée à la barre. Elle n’arrive pas à se lever et s’effondre en larmes. Après quelques minutes de suspension d’audience, elle s’avance finalement au centre de la salle. “Il a ruiné ma vie”, chuchote-t-elle d’une voix tremblante avant de répondre aux questions de la présidente par un simple “oui”.

— Vous avez déclaré qu’il vous avait poussée dans le lit ?
— Oui

Marine tente de le repousser, mais César insiste et la viole malgré ses refus répétés.

— Elle me retient, elle ne veut pas. Je continue, raconte l’accusé à la barre.

Durant l’audience, il ne conteste rien et déroule le récit de la soirée. Ses déclarations correspondent en tout point à la plainte de Marine ou presque. Debout, face à la cour, les mains derrière le dos, il semble nerveux, mais relate les faits calmement, sans véritable empathie face à la partie civile.

— Après le rapport, je lui ai demandé d’aller se laver parce qu’elle collait, et je suis descendu attendre sur le canapé.

Il se sert un Coca avant de quitter finalement l’appartement. Le lendemain, il lui envoie un message : “Coucou, tu ne parles plus ? J’ai fait quelque chose de mal ?”

Un témoignage déclencheur

Après cette nuit-là et malgré le choc, Marine retourne travailler et arrive en retard. Sa collègue remarque immédiatement que quelque chose ne va pas. Inquiète, elle l’interroge discrètement. Marine finit par se confier. “Il y avait un terme pour ça : c’est un viol”, souligne la collègue à la barre.

Touchées, elle et la directrice de l’établissement où elle travaille l’aident à prendre contact avec sa mère, puis l’accompagnent dans ses premières démarches pour porter plainte. Sans ce soutien, peut-être que les choses auraient pris une tout autre tournure.

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Le traumatisme, lui, est bien réel. Depuis, Marine a quitté son appartement pour revenir vivre chez sa mère. “Pendant six mois, elle a dormi avec moi”, confie cette dernière. Perte de confiance, hypervigilance, stress post-traumatique, prise de poids : les conséquences sont lourdes pour la jeune femme, qui tente aujourd’hui de retrouver une vie “normale”.

Une récidive inquiétante

Ce mardi 7 octobre, l’audience se poursuivra avec la lecture des rapports d’expertise, la plaidoirie de Me Sandra Vazquez pour la partie civile, le réquisitoire de l’avocat général, puis la défense assurée par Me Sylvie Lamouret, avant que les cinq magistrats de la cour ne rendent leur verdict.

Qu’est-ce qui a bien pu pousser César à commettre l’irréparable ? Déjà condamné à deux reprises, en 2018 et 2019, pour quatre agressions sexuelles alors qu’il n’avait que 14 ans, il risque aujourd’hui quinze ans de réclusion criminelle.

*Le prénom de la victime a été modifié.

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