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Le Nouvel Obs avec AFP
Un rassemblement de soutien à la militante féministe marocaine Ibtissame Lachgar, à Paris le 15 août 2025. HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS VIA AFP
Un tribunal de Rabat qui jugeait en appel la militante féministe marocaine Ibtissame Lachgar pour « atteinte à l’islam » a confirmé ce lundi 6 octobre la peine de deux ans et demi de prison prononcée en première instance début septembre à son encontre, selon un journaliste de l’AFP qui se trouvait dans la salle.
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La militante de 50 ans, connue pour son engagement en faveur des libertés individuelles, avait publié fin juillet sur les réseaux sociaux une photo d’elle vêtue d’un t-shirt où apparaissait le mot « Allah » suivi de la phrase « is lesbian » (« est lesbienne »). L’image était accompagnée d’un texte qualifiant l’islam, « comme toute idéologie religieuse », de « fasciste, phallocrate et misogyne ».
La défense va formuler une « demande d’aménagement de peine » pour transformer la peine de prison « en peine alternative » ainsi qu’un pourvoi en Cassation, a indiqué à l’AFP l’une des avocates de la défense, Me Ghizlane Mamouni.
Plusieurs campagnes contre les violences
L’article 267-5 du Code pénal marocain, en vertu duquel elle est poursuivie, punit de six mois à deux ans de prison ferme « quiconque porte atteinte à la religion musulmane ». La peine est susceptible d’être portée à cinq ans d’emprisonnement si l’infraction est commise en public, « y compris par voie électronique ».
Les défenseurs des droits humains dénoncent ce texte de loi qu’ils accusent d’entraver la liberté d’expression. La publication d’Ibtissame Lachgar avait suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, certains internautes appelant à son arrestation.
Elle avait cofondé en 2009 le Mouvement alternatif pour les Libertés individuelles (Mali). Parmi ses actions les plus marquantes figure un pique-nique organisé en 2009, durant le ramadan, pour défendre le droit de ne pas jeûner et contester l’article 222 du Code pénal marocain sanctionnant toute personne musulmane rompant ostensiblement le jeûne en public sans motif valable.
Depuis, son mouvement a mené plusieurs campagnes médiatisées contre les violences faites aux femmes et la pédocriminalité. Son militantisme lui a valu plusieurs démêlés avec les autorités, sans qu’elle soit poursuivie. En 2016, elle a été interpellée à Rabat pour trouble à l’ordre public et son entourage avait dénoncé une arrestation « injustifiée ». En 2018, après une campagne pro-IVG de Mali, elle a de nouveau été détenue pendant 24 heures, notamment pour « délit d’ivresse » selon la presse locale.