October 5, 2025

DÉCRYPTAGE. Procès Jubillar : journées intenses, pauses chronométrées, repas sur le pouce… Pourquoi le rythme des audiences pèse sur les commerces d’Albi

l’essentiel
Malgré la foule qui participe chaque jour au procès Jubillar, on enregistre peu de retombées économiques pour Albi. Le tempo de la justice impose sa dure loi aux commerces. Dans les coulisses de ce procès hors norme.

“Mais où sont passés les 300 journalistes promis ?” La question fuse sur toutes les terrasses d’Albi. Annoncé comme une aubaine pour les commerces du centre-ville, le procès de Cédric Jubillar se vit en réalité en vase clos, dans les couloirs du palais de justice.

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Car le tempo judiciaire impose sa loi à tout cet écosystème d’avocats, huissiers, jurés, journalistes, agents de sécurité et simples curieux, qui gravite autour des salles d’audiences. Et la densité des journées ne laisse que peu de place aux loisirs.

Sur place, les journalistes sont nombreux — près de 300 sont accrédités — mais peu s’attardent en ville. “La journée, on passe beaucoup de temps à attendre les suspensions, c’est parfois barbant. On bosse beaucoup sur les pauses”, confie Willem Gay, reporter d’image de BFM TV. Le début des débats a posé le décor : vingt à trente caméras massées alors autour des entrées. “Les premiers jours, il fallait jouer des coudes”, raconte Agnès Grimaldi de La Dépêche.

Le midi, pas question d’imaginer lézarder en terrasse. C’est l’audition des témoins qui dicte le rythme suspensions. Et s’ils sont bavards, l’audience grignote la pause méridienne, souvent très brève. Conséquence : la majorité des équipes mangent sur le pouce. C’est principalement la pâtisserie Belin, située juste en face, qui en profite. Tant pis pour les autres.

Entre gamelles et plateaux-repas

Côté jurés, la mécanique est huilée : des plateaux-repas ont été préparés par un traiteur albigeois.” Ils peuvent déjeuner dans l’enceinte du palais de justice ou sortir à l’extérieur si le temps de pause fixé par la présidente le permet”, précise Guilhem Renoux, magistrat en charge de la communication sur le procès. Policiers, agents de sécurité et huissiers déjeunent, eux aussi, sur place.

Le public, lui, s’organise à sa manière : regroupements quotidiens devant le tribunal, sacs isothermes et bouteilles d’eau posées à même les marches. “Je viens tous les jours alors je prends ma gamelle”, témoigne l’un d’eux.

“On a une vie en dehors”

Et pour dîner ? “Le soir, je suis fatigué, je me fais rapidement un truc à manger à l’appart qu’on loue”, confie Stéphane Durand-Souffland du Figaro. Pour gagner des précieuses minutes, la plupart des journalistes se logent à proximité immédiate du tribunal. “Le temps est compté pour avoir les bonnes images. Pour que ce soit pratique, on a pris des logements à proximité “, explique Laurent Dubois de France 3 Occitanie.

Certains journalistes locaux, ont préféré faire la navette quotidienne depuis Toulouse. Ceux venus de Paris optent souvent pour des hébergements à la semaine, du lundi au jeudi. “Le week-end je rentre chez moi. On a une vie en dehors”, rappelle Julie Regard de TF1/LCI. Les allers-retours se font principalement en train ou en avion.

Au final, malgré l’ampleur médiatique, l’activité se concentre à l’ombre du palais. À la fois si proche et si loin de toutes les merveilles de la cité épiscopale.

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