Il bondit, taquine, amuse et galvanise. Sous sa crinière flamboyante, “Artagnan” fait vibrer le stade Jacques-Fouroux à chaque match du RC Auch. Entre fourberies, pirouettes et gestes tendres envers les supporters et joueurs, la mascotte “rouge et blanche” est devenue un emblème de la préfecture du Gers. Portrait.
Tel un lion en cage, “Artagnan” fait les cent pas autour du rectangle vert. En tribunes, sur la piste d’athlétisme qui encercle le terrain ou encore dans les coulisses, la mascotte officielle du club de la préfecture du Gers sillonne de long en large le stade Jacques-Fouroux, à chacune des apparitions du pensionnaire de Nationale 2. Animée par une énergie débordante, une grande dose de malice et un attachement sans faille pour tous les sympathisants du RC Auch, cette figure emblématique du club a plus d’un tour dans son sac pour obtenir un sourire. “J’en ai plein mais il faut que j’arrive à trouver le bon moment pour sortir les âneries”, confie-t-elle.
Quand il ne taquine pas Marie-Jo en cuisine, “Artagnan” s’empresse de dérober, sans chercher la moindre discrétion, les verres des spectateurs. Et quand il ne fait pas des pirouettes en bordure du pré pour amuser la galerie, notamment les plus jeunes, il se poste face au “kop” auscitain, au pied de la tribune Marathon, pour lancer un clapping bien senti. “Ça donne un peu de joie”, assure la mascotte. Même les acteurs ne peuvent l’ignorer. Juste avant le coup d’envoi, sans ses crampons, le lion d’Auch s’invite souvent au milieu de la pelouse, histoire de voler la vedette à l’homme en noir et aux trente acteurs pendant quelques secondes.
Identité tenue secrète
Infatigable, ce roi de la farce joue son personnage à fond, bien au-delà du trille final. Les rares moments où le fauve perd sa tête se passent à l’abri des regards indiscrets, désireux de connaître la véritable identité de celui qui se cache derrière cette fausse fourrure. Mais le mystère ne sera pas levé aujourd’hui. S’il venait malencontreusement à être démasqué, “je suis obligé de le bouffer”, prévient, en exhibant ses longues dents… en laine, le lion d’Auch. Seuls indices : il pourrait bien avoir dépassé la cinquantaine et être spécialisé dans l’agencement de magasins.
Et même quand son drôle d’accoutrement lui joue des tours, comme une panne de ventilo (intégré dans la tête du costume, NDLR), la mascotte ne baisse pas la garde pour reprendre son souffle. Et pour ne pas suffoquer dans sa fournaise de mousse et de tissu, ce drôle de personnage, connu de tous au Moulias, porte en permanence un gilet rafraîchissant, “comme les pilotes de Formule 1”. Une astuce qui lui permet de tenir le rythme du match, de faire un “haka” avec un bénévole affecté à la sécurité ou de répondre aux demandes de selfies avec les supporters “rouge et blanc”.
Du Stade Toulousain à Fouroux
Une cadence qu'”Artagnan” tient depuis quatre ans en Gascogne, après avoir engrangé expérience et trophées au fil des exploits du Stade Toulousain dans la peau du “Loup”. “C’est parti d’une connerie avec les anciens joueurs du Stade, où on a fait un pari lors d’une soirée”, glisse le fauve. Aux côtés d’“Ovalion”, incontournable mascotte du sextuple champion d’Europe, ce Gersois d’adoption, sous son pelage gris, s’est forgé des souvenirs impérissables. “Je suis parti en Irlande avec eux, j’ai même fini dans un spa (installé à Ernest-Wallon, NDLR), etc. […] Quand Thomas Ramos a débuté, il me reconnaissait grâce au costume”, se remémore-t-il.
Mais une incompatibilité entre son emploi du temps professionnel et sa vie de mascotte va pousser le “Loup” à tirer sa révérence, pour recommencer une nouvelle vie dans le chef-lieu du Gers. “Ce n’était pas du tout prévu”, confie le Lion du RCA. C’est donc la quatrième saison d’affilée qu’il arpente l’antre auscitain, après avoir dévoré son prédécesseur, le “Poulet” qui chantait à l’époque du FCAG, pour le plus grand plaisir de la direction. “C’est un personnage exceptionnel”, vante le coprésident Guy Sorbadère. “Une mascotte, c’est indispensable”, renchérit Alain Cantarutti, speaker du club et correspondant rugby de La Dépêche du Midi.
Plus qu’un simple emblème, “Artagnan” est devenu l’âme de Jacques-Fouroux, ce souffle gascon qui fait rugir tout un peuple “rouge et blanc”.