October 5, 2025

TÉMOIGNAGES. Violence routière : "Il a pilé pour s’arrêter sur la voie du milieu avant de descendre et de se mettre à taper sur notre toit"

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Confrontés à l’agressivité d’automobilistes sur la route, ils témoignent d’une réalité du quotidien au volant. Entre insultes, menaces physiques, et mises en danger volontaires.

Une circulation complètement paralysée dans un quartier de Toulouse. Sur un rond-point, les voitures sont collées les unes aux autres. Chacun tente de se frayer calmement un chemin, quand soudainement, un automobiliste baisse sa vitre pour insulter copieusement les occupants d’une petite citadine, coupable à ses yeux de le coller de trop près. L’homme énervé finit par manœuvrer énergiquement pour faire demi-tour à la recherche d’un itinéraire moins bouchonné. L’incident n’ira pas plus loin, cette fois.

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Car il peut arriver que la situation dégénère davantage sur la route. Les exemples ne manquent pas en la matière, comme l’évoque Françoise. Il y a quelques mois, sur le périphérique toulousain, cette dernière a été aux premières loges d’une scène pour le moins singulière. Assise côté passager, la retraitée a vu une Porsche Cayenne, venue à toute vitesse de la droite, couper la route de son conjoint, au volant. Un comportement dangereux, qui valait bel et bien un coup de klaxon.

L’avertissement sonore n’a visiblement pas plu au conducteur du gros SUV allemand. “Il a commencé à mettre des coups de frein juste devant nous, comme s’il voulait se faire rentrer dedans, puis il s’est littéralement arrêté sur la voie du milieu”, explique cette ex-informaticienne. L’homme, furieux, est alors descendu de son véhicule pour venir régler ses comptes. “Heureusement qu’on a verrouillé nos portes, car il est venu et s’est mis à taper violemment sur notre toit, c’était absolument sidérant, poursuit-elle. Ça vous retourne le ventre, les voitures passent à droite et à gauche, personne ne réagit.” L’orage finit par passer, l’homme regagnant son véhicule après que son passager parvient à le convaincre de laisser tomber l’affaire.

“Des insultes avec des gestes du style ‘je vais te faire la peau'”

Dans le genre plus téméraire, et vraiment inquiétant, Pierre et sa famille ont eux été confrontés à un scooter changeant de file brusquement pour passer en force. Et là aussi, un coup de klaxon a provoqué l’ire de l’auteur de la queue de poisson. “Il s’est mis à vriller, à me taper le toit de la voiture, à m’insulter avec des gestes du style ‘je vais te faire la peau'”, relate le fonctionnaire toulousain de 33 ans. Il ne voulait pas nous lâcher, et il s’est mis à nous suivre pendant plusieurs minutes.”

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Le trentenaire a alors l’idée de se rendre sur le parking d’un centre commercial, bien fréquenté l’après-midi. “Je suis alors descendu de la voiture pour m’expliquer, et devant ma femme et mon fils de 2 ans, il voulait vraiment m’en mettre une, explique-t-il. Quand je lui ai expliqué que je l’avais emmené exprès sur ce parking pour que la police et les caméras de surveillance puissent en profiter, il a fini par partir en continuant ses insultes.”

“On en vient à se méfier de tout le monde sur la route, c’est hallucinant”

“On en vient à se méfier de tout le monde sur la route, c’est hallucinant”, embraye Mireille, 51 ans, responsable d’exploitation. Elle s’est attiré les foudres d’un conducteur pour l’avoir simplement dépassé alors qu’elle roulait dans la limite de vitesse autorisée, sur la rocade bordelaise. “Il m’a regardée méchamment, fait des grands gestes et crié en se portant à ma hauteur, se remémore-t-elle. J’étais tétanisée, on imagine tout dans ces moments-là. J’en ai pleuré, j’essayais de regarder droit devant pour ne pas le regarder puis il a fini par partir. Depuis, à chaque fois que je roule sur les grands axes, j’ai une vraie appréhension.”

Usager de la route à vélo, Vincent, 37 ans, dit également avoir souvent fait face à l’agressivité des automobilistes. “Quand j’étais plus jeune, en région parisienne, il m’est arrivé qu’on ouvre exprès une portière sur mon passage pour me bloquer et me casser la figure, juste parce que j’avais osé faire un signe de mécontentement », témoigne-t-il. Après dix ans à Toulouse où il se sentait “en danger de mort quotidiennement”, il s’est installé à la campagne autour de Carcassonne, espérant plus de sérénité. “Mais là aussi, certains conducteurs ne supportent pas les cyclistes, j’ai été frôlé de près plusieurs fois et j’ai fini par ranger mon vélo depuis six mois”, indique-t-il, résigné.

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