Le Sivom de Labat de Bun a inauguré le chantier majeur de renaturation du lac d’Estaing. Des travaux environnementaux d’ampleur, chiffrés à plus d’1M€, pour lesquels la collectivité a profité d’un fort taux de financement, et qui ont permis de sortir les véhicules de ce décor majestueux.
Le lac d’Estaing a donc retrouvé sa vraie nature. Celle qui fait de ce miroir sur les Pyrénées l’un des sites les plus courus de la chaîne, avec ses dérives et jusqu’à 600 voitures stationnées au cœur de ce décor, rendu soudain comme invisible. “Avec cette fréquentation de plus en plus importante, des usages conflictuels, des incivilités environnementale qui menaçait son identité pastorale, une action s’imposait, a pointé le maire d’Estaing, Marie-Luce Komeza. Il a fallu toute la ténacité de Thierry Dumestre et des élus de la commission syndicale de Labat de Bun pour mener à bien ce projet sur près de dix ans, garder la beauté naturelle du lac, sa biodiversité et son orientation pastorale.”
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Aujourd’hui donc, le lac glaciaire jouit d’une nouvelle jeunesse. “Mais il fallait avoir de l’ambition et du soutien pour mener ce projet fou” a précisé son instigateur, le président Thierry Dumestre. Un chantier à plus d’1M€ porté par une collectivité rassemblant quatre villages, soit moins de 500 habitants, mais qui a pu compter sur un accompagnement important aussi bien logistique avec le CAUE, l’ADAC et les entreprises, que financier avec un taux d’aides de 80 % dont 384 000 € du Feder, 377 000 € de l’État (avec le fonds Vert), 126 000 € de la Région et 100 000 € de la Fondation du Patrimoine. “Grâce à ça et à la volonté des élus du Sivom, les enclos de stationnement restent gratuits” a assuré Thierry Dumestre. Car si l’idée est de sortir les voitures du panorama, de reconquérir le paysage et l’espace, il s’agissait d’accueillir convenablement les visiteurs. “Nous avons renaturé 18 000 m2. Ça a permis la reconquête de zones humides pour les libellules, les papillons et sept races de chauve-souris.”
La fée retrouve sa tranquillité
Un sentier pédestre avec des fenêtres taillées sur le lac permet d’assurer un accès sécurisé pour les familles depuis les 400 places de stationnement enherbées, où un équilibre a été assuré entre les m3 déblayés et remblayés. 800 jeunes plants ont été réalisés pour optimiser l’intégration des véhicules dans les paysages. “L’idée n’est pas de mettre ce patrimoine naturel sous cloche, mais d’avoir un accueil maîtrisé du public, avec pédagogie” plaide M. Hubert de la Fondation du patrimoine. “Cette requalification offre une nouvelle respiration à ce site, un nouveau bol d’oxygène qui ferait du bien à nombre d’élus nationaux”, a ironisé la sénatrice Maryse Carrère, évoquant ici “son berceau secret. Vous avez été courageux car le Sivom n’est pas formaté pour porter un dossier aussi lourd, qui fait un lien précieux mais fragile entre la nature et ceux qui veulent en profiter.” “Vous avez su confectionner un écrin pour ce joyau, a souligné le vice-président de la Région, Jean-Louis Cazaubon. Il ne s’agit pas de chasser les touristes, mais au contraire de les faire venir, en pleine conscience. Nous avons besoin d’eux, autant que du pastoralisme, que cette requalification sanctuarise. C’est essentiel pour préserver nos paysages.” Tout est désormais en œuvre pour faire du lac d’Estaing, un “site préservé, vivant et animé” comme le dira la sous-préfète, Aurore Francius-Smith.
Souvent en première ligne face aux débordements, le maire d’Estaing Marie-Luce Komeza, se réjouit de voir le lac “libéré de l’anarchie des véhicules. Peut-être pourrons-nous désormais revoir la fée qui, selon la légende, sommeille en son sein”.