Chaque année, près de 100 Parisiens viennent passer leur permis de conduire dans les Hautes-Pyrénées. Les candidats sont en quête de rapidité et de conditions plus fluides pour apprendre à conduire. L’auto-école Permis en province leur propose une formule all inclusive avec les heures de conduite dispensées par une auto-école locale, l’hébergement à l’hôtel et les transports.
Les embouteillages, les heures de pointe, les mois d’attente… Il en a eu sa claque. Alors, quand on lui a proposé les Hautes-Pyrénées sur la carte, François a accepté. Ce Parisien de 37 ans, informaticien, a raté son permis de conduire en 2010. Depuis, il ne l’a jamais repassé mais a recommencé à prendre des heures de conduite à Paris.
“Dans la capitale, on passe du temps rien qu’à récupérer la voiture de l’auto-école. Sans compter le nombre de moniteurs différents et les délais très longs avant d’être inscrits pour l’examen”, raconte le conducteur. Pour accélérer le processus, il s’est inscrit chez “Permis en province”, une entreprise parisienne créée en 2016 qui propose aux candidats d’aller passer l’examen partout en France grâce à des auto-écoles locales.
“Les Hautes-Pyrénées, je ne connaissais pas du tout. J’ai bloqué une semaine et je me suis arrangé avec mon employeur pour être en télétravail”, explique encore le candidat.
Depuis mardi 30 septembre, François est hébergé dans un hôtel de Lannemezan et suit quatre heures de conduite par jour. Ce vendredi 3 octobre, l’informaticien sera d’ailleurs examiné par un inspecteur du permis. “Ce qui m’a séduit, c’est la formule express. En une semaine, c’est réglé. Et en plus, la conduite est plus agréable ici. Il y a moins de feux, moins de trafic mais plus de priorités à droite. En une semaine, j’ai eu le temps de me familiariser avec plusieurs parcours. Je sais à quoi m’attendre pour l’examen”, explique-t-il. Changement de décor, en effet, entre l’avenue des Champs-Élysées et la modeste rue Thiers, à Lannemezan.
Il a payé 750 euros pour 13 heures de conduite, l’aller-retour Paris-Lannemezan en train et quatre nuits d’hôtel. Comme lui, ils sont une centaine à tenter l’expérience chaque année dans les Hautes-Pyrénées. Et déjà un millier depuis 2016.
30 % du chiffre d’affaires
Certains sont aiguillés à Tarbes, à Lourdes et d’autres à Lannemezan, donc, dans l’auto-école Good conduite d’Yves Reulet. ” Comme je propose beaucoup d’heures de conduite par semaine, entre 50 et 60, j’ai un volume de places assez conséquent pour le permis de conduire, c’est-à-dire entre 12 à 13 places par mois. Mais je n’arrive pas toujours à honorer les places. Alors, plutôt que de m’en priver, je préfère former des candidats parisiens et les présenter à l’examen “, explique le moniteur de cette petite école.
Lui travaille avec “Permis en province” depuis 8 ans. La société parisienne lui envoie 4 à 5 candidats par mois. “Souvent, ils trouvent que circuler ici est bien plus facile qu’à Paris. Dans les grandes villes, on reste en 2e ou en 3e. Avec moi, ils roulent ! On passe la 5e et parfois la 6e”, se félicite le patron de l’auto-école.
Il touche une rémunération de Permis en province pour ses services auprès des Parisiens, près de 30 % de son chiffre d’affaires. Mais le concept ne séduit pas tout le monde. “Ce n’est pas forcément bien perçu par toutes les auto-écoles du coin car on voudrait privilégier les places pour les locaux”, reconnaît-il. En tout cas, ce vendredi, il présentera François à l’inspecteur. Le Parisien a mis toutes les chances de son côté, il maîtrise toutes les vitesses.

” Un mois d’attente dans les Hautes-Pyrénées contre quinze mois à Paris “
Arye Bismuth a fondé “Permis en province” en 2016. “On propose de passer le permis en accéléré partout en France pour trois bonnes raisons : il y a plus de disponibilités des dates d’examens dans certains départements ; il est plus agréable de conduire dans de plus petites villes et il y a moins de situations de stress”, explique le gérant de l’entreprise parisienne. Il était dépité de constater qu’à Paris “les candidats passent plus de temps dans les bouchons qu’à apprendre à conduire”. Avant son billet pour la province, le niveau du candidat est évalué par l’équipe d’Arye Bismuth. Une formation de 3 jours à 3 semaines lui est ensuite proposée dans l’Oise, en Lozère, en Corse et dans les Hautes-Pyrénées. “Ce dernier fait partie des départements où le délai pour passer son permis est le plus court. Actuellement, il faut patienter un mois contre quinze mois à Paris”, signale encore le fondateur. Rajoutons que la ligne d’avion directe Paris-Tarbes incite aussi les candidats à traverser la France. Les profils des candidats sont variés : étudiants, lycéens mais aussi des urbains actifs et des bientôt retraités qui veulent se remettre dans le bain. Permis en province affiche 70 % de taux de réussite.