Sébastien Lopez se remet difficilement de l’incendie de son chai. L’unique vigneron installé dans la préfecture du Gers se demande s’il va pouvoir continuer son activité. Témoignage.
Dans la nuit du 22 au 23 septembre, un incendie a ravagé le chai de Sébastien Lopez, dernier vigneron d’Auch, situé dans le hameau de Roubin. Le sinistre a détruit la totalité de l’outil de travail de l’agriculteur.
Sébastien Lopez, devant les ruines noircies du chai du Domaine du Tucoulet, au lieu-dit Roubin entre Auch et Roquelaure, se souvient d’un réveil cauchemardesque.
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Le vigneron habite à Castillon-Massas, à une dizaine de kilomètres de là. Sur son portable, il a conservé le message envoyé par sa voisine, dont la maison se trouve à quelques mètres du chai.
Un patrimoine familial réduit en cendres
“Elle a été réveillée vers 3 h, par le vacarme des poutres et des morceaux de bois qui tombaient dans le feu…” C’est elle encore qui a donné l’alerte aux pompiers. Ils sont arrivés sur place à 3 h 30 environ, pour découvrir un véritable brasier. “Tout était déjà totalement embrasé, explique le vigneron. Il y avait trois foyers actifs, dans chaque partie du chai.” Malgré l’intervention de trois camions-pompes jusqu’à 6 h du matin, impossible de maîtriser les flammes. Le bâtiment de 250 m², construit en pierre voilà plus d’un siècle, est entièrement détruit.
Ce chai, où le grand-père de Sébastien vinifiait, abritait tout son outil de travail : un pressoir, des cuves en ciment, des garde-vins, un érafloir, des pompes et du petit matériel. “Il n’y a plus rien, plus rien”, confie-t-il. Le feu, d’une intensité exceptionnelle, a rougi les murs en pierre, brûlé les arbres à plusieurs mètres et détruit la charpente en chêne. Les pompiers évoquent un départ de feu accidentel, mais Sébastien reste dubitatif : “Ça fait bizarre que ça se passe pile au moment où on est en train de vinifier. Sans compter que tout le matériel était débranché.”
Des pertes matérielles et symboliques
Coefficient de vétusté oblige, l’assurance ne remboursera presque rien. Pour autant, ce matériel, Sébastien Lopez s’en servait quotidiennement. Il a perdu 60 hectolitres de vendange et 50 à 60 de vin. Grâce à un voisin, le vigneron a pu sauver la moitié de la vendange 2025. Le stock de bouteilles et de barriques d’armagnac du Domaine du Tucoulet, entreposé ailleurs, est intact.
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À 49 ans, avec deux filles de 11 et 13 ans, Sébastien se demande s’il pourra reprendre son activité. “Tout perdre en une nuit, c’est dur.” Les murs en pierre, encore debout, pourraient servir de base à une reconstruction, mais le financement reste un obstacle majeur. “Dans l’agriculture actuelle, on n’a pas des masses d’argent.”
Il a signalé le sinistre à son syndicat et à la chambre d’agriculture, où le président confirme étudier les possibilités de soutien. “Ce serait la fin du dernier vigneron d’Auch, craint-il. Moi, j’ai toujours imaginé finir ma carrière ici. Même mon armagnac s’appelle L’Auscitain…” Malgré tout, il veut se battre : “On va tout faire pour reprendre.”