Marchand ambulant depuis 1980, après son père Edgar, Eric Hubert prend à son tour la retraite. Le camion de bonneterie et prêt à porter vit ses derniers jours sur les marchés.
À 89 ans Edgar Hubert va bientôt profiter de sa « deuxième retraite ». À ses côtés, son fils Eric, 61 ans, fermera définitivement les auvents de leur camion magasin le 31 décembre prochain. Le véhicule fréquentait le marché condomois depuis 1975.
« J’ai commencé comme apprenti avec mon père en 1980. À l’époque nous étions sur les marchés six jours sur sept. Ma mère venait avec nous et nous avions aussi un employé ». C’était la belle époque pour la famille de commerçants ambulants installés à Eauze, qui courraient les marchés de leur ville mais aussi ceux de Nogaro, Vic, Condom, Mont-de-Marsan et Aignan. « Nous avons arrêté ce dernier il y a quelque temps. Là, comme à Condom, notre clientèle a vieilli et notre activité a baissé, surtout ces dix dernières années ».
S’ils ont toujours dû composer avec la concurrence des catalogues, les Hubert souffrent aujourd’hui de celle d’internet. « Mon père avait déjà arrêté la confection enfant. On continue à proposer un éventail large, des sous-vêtements au prêt à porter, en passant par les vêtements de travail, avec des modèles très classiques. Mais les personnes âgées d’aujourd’hui ne s’habillent plus comme il y a 30 ans. Surtout, comme nous ne faisons que des marques françaises ou européennes, et on subit la baisse du pouvoir d’achat des gens », note Eric. « Nous, on ne fait pas du chinois ! », rappelle Edgar.

Qu’elles viennent encore fouiller dans les portants ou qu’elles envoient leurs proches faire leurs emplettes, les personnes âgées constituent toujours le gros de la clientèle des Hubert. « Elles cherchent des pyjamas, des chemises de nuit classiques, des tabliers sans manches. Je fais encore de la gaine culotte, des dessous chauds, des articles que les gens ne trouvent pas facilement ailleurs ».
À Condom, les Hubert prolongent leur présence jusqu’à 16 heures, bien après la fermeture du marché. « Ici, j’ai toujours des clients qui viennent l’après-midi ». L’un d’eux passe en effet, en quête d’un pantalon de travail, prendre deux « tricots de corps », et regretter de voir les commerçants cesser leur activité. Comme les autres habitués, il pourra profiter d’ultimes promotions jusqu’à la fin du mois de décembre.