Le Syndicat mixte d’aménagement de la vallée du Lot (Smavlot) engage une nouvelle édition de son programme “Mon Incroyable Territoire”, consacré cette fois à un enjeu central pour la vitalité commerciale des cœurs de bourgs : la colocation commerciale.
Et si la coloc’, ce n’était pas que pour dormir ? La vallée du Lot va s’engager dans une expérimentation inédite au cours de ces prochains mois : former des duos d’entrepreneurs, artisans, qui pourraient “vivre” sous le même toit. C’est tout l’enjeu du nouveau programme “Mon Incroyable Territoire”, porté depuis plusieurs années par le Smavlot. “Un concept inédit en France” aborde d’entrée Ella Bassler, la coordinatrice du programme pour ces prochains mois.
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Outre reconquérir les centres-villes et centres-bourgs des communes autour de Villeneuve-sur-Lot, ce programme entend surtout accompagner les porteurs de projet. Car ouvrir un commerce au cœur des cités relève aujourd’hui du parcours du combattant. Les porteurs de projet se heurtent à un double écueil : des locaux souvent mal adaptés à leurs besoins et des coûts réels largement sous-estimés. Résultat : de nombreux modèles économiques peinent à tenir dans la durée. À cela s’ajoute un contexte défavorable : la hausse des charges énergétiques pour les commerçants, conjuguée à la baisse du pouvoir d’achat, fragilise encore davantage les activités de proximité. Pourtant, une certitude émerge : il existe une solution simple, abordable et déjà opérationnelle pour redonner vie aux centres-villes. Cette solution, c’est la colocation commerciale.
À la recherche des entreprises “hôtes”
Le principe est gagnant-gagnant : le premier réduit ses charges et dynamise son espace, tandis que les seconds accèdent à un local prêt à l’emploi, sans contrainte lourde ni risques financiers excessifs. Le tout dans un cadre légal, grâce à un processus simplifié. “La première étape, c’est de chercher ceux qui sont installés et qui ont la possibilité de devenir hôte” enchaîne Ella Bassler. Pour devenir hôte, il faut disposer d’un bail commercial dans l’une des communes du Grand Villeneuvois, de Fumel Vallée du Lot, des Bastides en Haut-Agenais Périgord et de Lot et Tolzac.
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“Il y a deux manières de faire la colocation” poursuit la coordinatrice. Soit les deux entreprises se partagent la surface au quotidien, soit elles occupent le local de façon alternée. Un appel à candidatures est donc ouvert. La sélection sera faite d’ici les mois de novembre et décembre. “On a l’espoir d’avoir une dizaine de locaux” glisse Ella Bassler. Ensuite, les équipes du Smavlot et de “Mon Incroyable Territoire” se concentreront sur les profils des sous-locataires.
“Aux communes de montrer la volonté”
Pour les sous-locataires – des jeunes entreprises en phase de test, des indépendants sans point de vente fixe, des professions libérales en quête de visibilité ou encore des artisans et producteurs souhaitant disposer d’un espace ponctuel pour exposer et vendre leurs produits – les avantages sont multiples. Ils peuvent louer uniquement la surface dont ils ont besoin, sur un planning flexible : à certaines heures, certains jours ou même sur des périodes saisonnières. Ils accèdent à des locaux déjà aménagés, parfois meublés, évitant ainsi les frais liés à de lourds travaux ou à l’achat d’équipements.
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Bien sûr, tout cela demande des ajustements en fonction des activités. Mais l’idée de colocation a le mérite de se montrer comme une réponse innovante et pragmatique face à la crise structurelle du commerce au centre des communes. “Aux communes aussi de montrer la volonté, de prendre conscience” enjoint le président du Smavlot Jacques Borderie. Il pense notamment à des anciennes friches de centres-bourgs qui pourraient être revitalisées, “provoqué par les colocations ou alors créer une offre”.
Les rencontres entre les commerçants “hôtes” et les sous-locataires sélectionnés sont programmées d’ici le mois de février 2026. Le début d’un nouveau modèle pour le commerce en vallée du Lot ?