Igor Grosu, président du Parlement moldave et chef du Parti Action et Vérité (PAS), donne un discours après les élections législatives, à Chisinau, en Moldavie, le lundi 29 septembre 2025. VADIM GHIRDA/AP/SIPA
Le parti proeuropéen PAS de la présidente Maia Sandu a remporté avec un peu plus de 50 % des voix les élections législatives en Moldavie, marquées par des accusations d’ingérence russe, selon les résultats officiels publiés ce lundi 29 septembre. Voici ce qu’il faut retenir de ce scrutin.
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• Le résultat
Le Parti Action et Solidarité (PAS), au pouvoir depuis 2021 dans ce pays parmi les plus pauvres d’Europe, a obtenu 50,16 % des suffrages, selon les résultats portant sur 99,91 % des bulletins dépouillés, publiés par la Commission électorale centrale sur son site internet.
Le résultat du PAS, critiqué pour les difficultés économiques du pays, marque un recul par rapport à 2021, où il avait recueilli 52,8 % des voix. Néanmoins, il devance le Bloc patriotique, prorusse, dont fait partie l’ancien président Igor Dodon (2016-2020), affiche un score de 24,16 %. En troisième position figure, avec 7,97 %, le Mouvement alternatif national (MAS) du maire de Chisinau, Ion Ceban, qui avait appelé à voter contre le PAS. Selon les projections, le PAS pourrait conserver sa majorité absolue au Parlement avec 55 sièges sur 101, contre 63 dans l’Assemblée sortante.
Igor Dodon, qui avait revendiqué la victoire dimanche soir, a annoncé lundi avoir soumis des dizaines de plaintes à la Commission électorale. En fonction de sa décision, « nous prendrons d’autres mesures juridiques », a-t-il averti, lors d’une manifestation à laquelle il avait appelé devant le Parlement à midi, heure locale. Quelque 200 personnes y ont pris part aux cris de « Liberté » et « Moldavie ». Refusant de répondre aux questions des journalistes, ils se sont rapidement dispersés.
• Les accusations
Chaque camp accuse l’autre de manipulation et de tentative d’intimidation pendant la campagne. Le scrutin a notamment été assombri par les soupçons d’achats de voix et de troubles, ainsi que par une « campagne de désinformation sans précédent » menée par la Russie, selon l’Union européenne.
L’analyste du groupe de réflexion WatchDog Andrei Curararu estime que le Kremlin est susceptible de « recourir à des manifestations, à la corruption des députés PAS et à d’autres tactiques pour perturber la formation d’un gouvernement pro-européen stable ». En début de semaine dernière, Maia Sandu avait dénoncé les « centaines de millions d’euros » déversés par Moscou pour acheter des voix, orchestrer des campagnes de désinformation en ligne et organiser des violences.
Moscou a démenti ces allégations, tandis que l’opposition moldave, largement prorusse, a accusé le PAS d’avoir planifié une fraude. Le service de cybersécurité moldave a déclaré dimanche avoir détecté plusieurs tentatives d’attaques sur l’infrastructure électorale, « neutralisées en temps réel ».
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Selon Igor Botan, directeur du centre de réflexion moldave Adept, la Moldavie n’a « jamais vu un tel niveau [d’ingérence étrangère] dans une campagne électorale » depuis l’indépendance en 1991 de l’ex-République soviétique qui compte quelque 2,4 millions d’habitants et plus d’un million d’émigrés également appelés à voter.
• Les conséquences
« Nous avons poussé un soupir de soulagement. Après une longue campagne […] nous pouvons enfin respirer librement, et je crois qu’avec l’aide du gouvernement moldave actuel, la Moldavie rejoindra l’Union européenne avec tous ses droits », a réagi avec satisfaction Natalia Tagirta, femme au foyer de 42 ans, croisée dans les rues de Chisinau.
Maia Sandu, présidente proeuropéenne de la Moldavie, avait réussi à obtenir l’ouverture des discussions pour l’adhésion de la Moldavie à l’UE et de nombreuses aides financières occidentales.
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Le président du Conseil européen Antonio Costa a loué « un message fort et clair » des Moldaves qui « ont choisi la démocratie, la réforme et un avenir européen, face à la pression et à l’ingérence de la Russie ».
• Les autres réactions politiques
Le président français Emmanuel Macron a estimé que « le choix des citoyens moldaves s’est affirmé avec force » malgré « ingérence » et « pressions ». « La France est aux côtés de la Moldavie dans son projet européen et son élan de liberté et de souveraineté », a-t-il ajouté.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que la Russie n’avait pas réussi à « déstabiliser la Moldavie même après avoir dépensé d’énormes ressources », dans un discours par vidéo lors d’un forum sécuritaire à Varsovie. « L’influence subversive de la Russie ne s’étendra pas davantage en Europe », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a salué le « courage » du peuple moldave pour avoir « maintenu le cap européen. » « Non seulement vous avez sauvé la démocratie et maintenu le cap européen, mais vous avez aussi fait obstacle à la Russie dans ses tentatives de prendre le contrôle de toute la région », a-t-il déclaré sur X, soulignant cette « bonne leçon pour nous tous ».