À Toulouse comme ailleurs, le succès des nouveaux sports (Pilates, hyrox, padel, pickleball…) illustre un engouement croissant. Qui pratique ? Pourquoi maintenant ? Quelles conséquences pour les disciplines traditionnelles ? Yves Morales, sociologue du sport et directeur du centre de recherches en sciences sociales sports et corps, a répondu à nos questions.
Les nouveaux sports sont-ils avant tout un effet de mode ?
Oui, mais ce n’est pas surprenant. Certaines disciplines gagnent en popularité puis déclinent, remplacées par d’autres. Ce qui change, c’est l’ampleur du phénomène. Le Pilates, le Hyrox ou le padel s’imposent car ils répondent à des attentes fortes : rester en bonne santé, entretenir son corps, conserver de l’énergie et partager une activité conviviale.
Quels besoins expriment ces pratiques ?
On observe d’abord une logique d’entretien, comme avec le Pilates qui attire beaucoup d’adultes actifs soucieux de leur forme. Mais il existe aussi une recherche de performance, dans un cadre plus accessible que les compétitions classiques. Le Hyrox ou le padel permettent de se challenger avec des amis, sans calendrier ni championnats, mais avec une dimension ludique et motivante.
Est-ce qu’il y a une menace pour les sports traditionnels ?
Non, les grands sports comme le football ou le basket restent solides. En réalité, il s’agit surtout d’une diversification. Beaucoup de pratiquants quittent les clubs autour de 30 ou 35 ans, après des années de compétition, et se reconvertissent vers des activités nouvelles. Ces sports offrent la possibilité de rester actifs tout en s’adaptant à un rythme de vie différent.
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Ces pratiques participent-elles à la santé publique ?
Oui, et c’est un point très positif. Depuis les années 80-90, l’idée que l’activité physique est bénéfique s’est ancrée dans la culture. Ces nouvelles disciplines prolongent ce mouvement et favorisent le maintien en forme d’une partie de la population adulte.
Tout le monde peut-il y accéder ?
C’est là que la question sociale se pose. Le padel ou le Pilates reposent sur un modèle économique : ouverture de terrains privés, encadrement payant, franchises. Ces activités ciblent d’abord les classes moyennes et aisées. Des dispositifs associatifs ou municipaux existent parfois, mais ils restent rares et peu visibles. La démocratisation reste un défi à venir.