September 28, 2025

"Il m’a remerciée de l’avoir repoussé" : un pisteur coupable d’agression sexuelle sur sa collègue dans une station hivernale des Pyrénées

l’essentiel
Un pisteur a été condamné après des attouchements nocturnes sur une saisonnière dans un poste de secours, malgré l’absence d’aveux et de preuves matérielles jugées suffisantes par sa défense.

Le tribunal judiciaire de Foix a reconnu Lionel*, 30 ans, coupable d’agression sexuelle sur Barbara*, une saisonnière rencontrée dans une station de ski des Pyrénées ariégeoises. Les faits remontent à la nuit du 28 janvier 2024. L’homme, pisteur à l’époque, a été condamné à huit mois de prison avec sursis simple, deux ans d’inéligibilité, ainsi qu’à l’inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais). Il devra verser près de 3 650 euros à la victime.

Une nuit trouble dans un poste de secours

Barbara et Lionel se connaissaient déjà pour avoir travaillé ensemble lors d’une saison précédente. Le soir des faits, après un repas au restaurant bien arrosé, ils se retrouvent, accompagnés d’un petit groupe de collègues, et poursuivent ce moment dans des bains nordiques. Tous sont partiellement ou totalement nus. C’est là, sous l’eau, que Barbara déclare avoir senti une main sur ses fesses. “Je l’ai repoussé, j’ai changé de place, puis je suis allée dormir au poste de secours comme c’était prévu”, explique-t-elle à la barre.

Dans la nuit, Lionel entre dans le même local. Il se glisse dans un autre lit, puis la réveille, prétextant avoir froid. Elle lui propose une bouillotte, il insiste pour partager son lit. Elle cède. Elle est entièrement vêtue. Barbara raconte alors s’être endormie avant de sentir des attouchements sur sa poitrine et son sexe, à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’il tente de passer sa main sous son jean, sans y parvenir. Lionel conteste tout geste à connotation sexuelle. “Je me suis couché dos à elle et je me suis endormi”, assure-t-il.

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Barbara, elle, parle d’un comportement “dangereux”. “Il m’a même remerciée de l’avoir repoussé car il aurait pu aller plus loin. Ça m’a glacé le sang”, témoigne-t-elle. Elle n’a pas porté plainte sur le moment, se confiant d’abord à une collègue. Quelques jours plus tard, un échange de messages entre les deux protagonistes évoque le malaise.

“Une seule victime, et un seul auteur”

Au fil des audiences, les positions des deux parties restent inchangées. Lors de la confrontation, chacun campe sur ses positions. Pour le substitut du procureur Élodie Girardelli, “la constance de la victime, sa précision, son absence de contradictions doivent être relevées”. Et d’ajouter : “Le prévenu nie, minimise, tente de discréditer. Mais ces stratégies sont fréquentes dans ce type d’affaire.” Elle requiert dix mois de prison avec sursis, trois ans d’interdiction de contact avec la victime, et deux ans d’inéligibilité.

Pour Me Catherine Pons-Fournier, défense de Lionel, le dossier souffre d’un défaut de preuve matérielle : “C’est parole contre parole. Rien ne confirme les gestes dénoncés. Le seul témoin entre dans la pièce et ne voit rien. Ce n’est pas suffisant pour condamner.” Elle plaide la relaxe, évoquant “les difficultés personnelles de la plaignante”.

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L’avocate de la partie civile réagit : “Il n’y a qu’une seule victime, et un seul auteur. Ce qu’elle décrit, elle le dit depuis le début avec les mêmes mots. Ce sont ces faits qui nous amènent ici.”

Le tribunal décide donc de suivre en grande partie les réquisitions. En larmes, Barbara a été soutenue par sa mère tout au long de l’audience, et est bel et bien reconnue comme victime dans cette affaire, même si son agresseur, au final, n’a rien reconnu face au tribunal.

*Les prénoms ont été modifiés.

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