Les vendanges 2025 vont s’achever dans les prochains jours en Lot-et-Garonne. Avant de pouvoir donner un bilan définitif, les viticulteurs lot-et-garonnais peuvent déjà dégager plusieurs tendances concernant ce millésime.
Le premier bilan des vendanges 2025 en Lot-et-Garonne révèle des volumes bien en deçà des espérances. Sur une grande majorité des vignobles du département, les rendements sont moins bons qu’en 2024. La faute aux nombreux aléas climatiques (grêle, pluies printanières et canicule estivale).
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Karine Duc, viticultrice et présidente de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, résume une situation préoccupante : “Aujourd’hui, les vendanges ne sont pas tout à fait terminées. Mais on peut constater qu’il y a beaucoup de disparités entre les secteurs. La qualité est présente, mais elle ne peut pas contrebalancer les volumes espérés qui ne sont pas là. On sort de 5 à presque 10 années de volume manquant. Cette année, c’est la dégringolade. On n’a pas les volumes espérés pour assumer les frais de fonctionnement et les investissements.”
“Les terroirs de plaine ont donné un bon rendement, contrairement aux coteaux”
Selon l’agricultrice de Montesquieu, un secteur a particulièrement souffert : le Duraquois. “Une grêle très forte en 2024 a déjà assuré qu’il n’y aurait pas beaucoup, voire pas du tout, de récolte sur les vignes de Duras et de ses alentours. Sur les autres secteurs, le printemps pluvieux suivi d’une période de canicule cet été a beaucoup endommagé les récoltes et les rendements. Les blancs sont davantage mis à mal cette année que les rouges. Ce sont les retours que j’ai pour le moment.”
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Du côté du Bruilhois, on fait les mêmes constatations. Delphine Leuillet, directrice de la Cave Les Vignerons du Brulhois (à cheval sur le Lot-et-Garonne et le Tarn-et-Garonne), souligne : “C’est très hétérogène, mais globalement les rendements seront inférieurs à l’an dernier. Par contre, qualitativement, nous sommes plutôt satisfaits. Nous avons les terroirs de plaine qui ont donné un bon rendement, contrairement aux coteaux, notamment dans le secteur d’Astaffort, où les vignes ont beaucoup souffert de la sécheresse et de la chaleur.”
“Les blancs ont été décevants en quantité. Les rosés, en revanche, ont bien résisté”
À Buzet, où les vendanges viennent de s’achever, la campagne 2025 suscite au contraire une certaine satisfaction, meilleure que celle de 2024. “C’est une meilleure récolte que l’année passée, mais il est encore trop tôt pour communiquer un chiffre définitif, déclare Nathalie Roussille, présidente du conseil d’administration de la coopérative des Vignerons de Buzet. En 2024, c’était la plus petite récolte jamais enregistrée par la Cave de Buzet. Les blancs ont été décevants en quantité, probablement à cause de l’excès d’eau au printemps. Les rosés, en revanche, ont bien résisté.”
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Enfin, ces vendanges 2025, qui ont débuté la troisième semaine d’août pour de nombreux viticulteurs, ont été marquées par leur inédite précocité. “Dans le Buzet, on a commencé la récolte le 19 août. On n’avait jamais vendangé aussi tôt”, affirme Nathalie Roussille.
“Les pluies de fin août ont permis de sauver le millésime”
La canicule d’août a, en effet, accentué les difficultés des vignerons, ce qui les a obligés à adapter leurs pratiques. “Nous avons anticipé en commençant les vendanges plus tôt, fin août, afin de répondre à une demande de vins moins alcoolisés”, explique la patronne des Vignerons du Bruilhois. La chaleur excessive a limité le développement des baies, particulièrement dans les jeunes vignes et sur les coteaux. Toutefois, les pluies de fin août ont changé la donne. “Elles ont permis de sauver le millésime en redonnant un peu d’eau à la vigne,” explique Nathalie Roussille.
Quant au bilan qualitatif, il reste encourageant. “Grâce à l’absence de maladies comme le mildiou, nous avons pu attendre la bonne maturité pour les rouges et les rosés et vendanger dans de bonnes conditions”, lance la patronne des Vignerons de Buzet.
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Si les vins lot-et-garonnais du millésime 2025 devraient être marqués par leur qualité, l’incertitude demeure toujours pour la pérennité économique de la filière viticole, qui connaît une importante crise depuis plusieurs années. Au final, les vendanges “laissent une nouvelle fois un goût amer aux vignerons”, déplore la présidente de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne. Face à cette situation, elle dit avoir saisi le préfet du Lot-et-Garonne pour obtenir un allègement des taxes foncières sur le non-bâti. “Toutes les cultures ont eu des difficultés dues aux aléas, ajoute-t-elle. On a enclenché ce dossier-là.”