Un terrain de 2 700 m² acquis par la Ville de Toulouse devait devenir un espace vert. Mais la mairie prévoit de ne conserver qu’un tiers en jardin public, revendant le reste à un promoteur. L’opposition dénonce une incohérence avec les ambitions de végétalisation.
À Montaudran-Lespinet, un projet immobilier suscite la polémique. Au 147 avenue de Lespinet, la mairie a acquis en janvier 2025 une parcelle de 2 723 m², comprenant une maison et un vaste jardin arboré. L’objectif affiché était de créer un jardin public.
Mais dans les faits, une nouvelle délibération municipale, adoptée en juin 2025, prévoit de ne conserver que 1 092 m² pour ce futur espace vert. Les 1 631 m² restants, incluant la maison, seront remis en vente, par appel à projets, pour accueillir de nouveaux logements.
“Une incohérence en pleine crise climatique”
L’opposition dénonce ce partage jugé déséquilibré. Pour Maxime Le Texier, porte-parole d’Archipel Citoyen, “la ville décide de céder 1 600 m² à la promotion immobilière, alors qu’elle parle de végétalisation et de lutte contre les îlots de chaleur. Elle parle d’ajouter des squares de 500 m2 dans tous les quartiers. Là, ce sont trois squares qui disparaissent sous nos yeux. Nous demandons de sauver ces 1 600 m² de forêt urbaine et d’y héberger le tissu associatif local.”
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Le collectif pointe aussi le sort de l’association La Base, installée au 141 avenue de Lespinet (terrain qui jouxte le 147), sommée de quitter les lieux d’ici fin 2025, par un propriétaire privé.
“La mairie doit préempter ce terrain si une vente se présente, et créer un véritable parc arboré cogéré avec les associations. Pas un square coincé entre un immeuble et une route”, plaide Maxime Le Texier.
“Les 1 100 m² les plus intéressants seront sanctuarisés en jardin public”
Face à ces critiques, Emilion Esnault, maire de quartier de Montaudran-Lespinet, défend la stratégie municipale :
“Les 1 100 m² les plus intéressants seront sanctuarisés en jardin public. Quant aux 1 600 m² restants, ils permettront de construire des logements libres. Les arbres à maturité seront conservés, ils formeront l’îlot de fraîcheur évoqué par M. Le Texier.”
Selon lui, céder une partie du foncier est une nécessité budgétaire : “On ne peut pas multiplier les acquisitions sans financement. La vente de ces 1 600 m² permet d’équilibrer l’opération et de garantir le rachat.”
Concernant le 141 avenue de Lespinet, l’élu reste ouvert : “Si un opérateur rachète, nous ferons savoir que la Ville est prête à acquérir une bande de terrain reliant les deux parcelles, pour renforcer la continuité verte.”
Sélection du candidat “sur la base de la qualité et du prix”
La consultation publique lancée par la mairie permettra à tout candidat de proposer un projet sur la partie constructible, avec sélection sur la base de la qualité et du prix, évalué par France Domaines. La décision finale reviendra au conseil municipal dans les prochains mois.
En attendant, le débat oppose deux visions de la ville : pour l’opposition, chaque mètre carré de végétation est à préserver face à la crise climatique. Pour la majorité municipale, il s’agit de trouver un compromis entre création d’espaces verts et production de logements, dans un contexte budgétaire contraint.