l’essentiel
Les agriculteurs lotois ont été parmi les premiers à donner le coup d’envoi de la protestation. Appelés par la FDSEA et les JA à se mobiliser, partout en France, ce vendredi, les Lotois ont occupé le terrain d’une façon inattendue, dès ce jeudi soir, en pendant des épouvantails.
L’hiver dernier, les agriculteurs français s’étaient mobilisés pour exprimer leur ras-le-bol : contraintes administratives, normes trop lourdes, baisse de leurs revenus, marges insuffisantes, accord défavorable sur le libre-échange… Les raisons de leur colère étaient nombreuses, à la hauteur des mouvements de protestation qui ont secoué la France en cette fin d’année 2024.
Une action symbolique et choquante, pour faire réagir le gouvernement. DDM PF
Un an plus tard, ils sont de nouveau dans la rue à l’appel des syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs, et les revendications n’ont pas changé. C’est une profession exsangue qui a crié son mécontentement, dès ce jeudi soir, dans le Lot. À Cahors, à Figeac, à Souillac, à Saint-Céré et à Montfaucon, ils ont multiplié les actions. Pris à la gorge, ils ont installé un peu partout dans le département des pendus. Signe que la situation est grave…
Des épouvantails ont été préparés par les agriculteurs du Lot… DDM PF
Tout un symbole, pour une profession qui dénonce des importations en provenance de pays où les normes environnementales, sanitaires ou de bien-être animal diffèrent, créant une concurrence déloyale. C’est l’accord du Mercosur, entre autres, entre l’Europe et les pays d’Amérique latine, ou encore l’importation d’œufs des pays de l’Est. Au rang de leurs préoccupations, on trouve également les droits de douane américains sur les produits français ou encore des normes et des réglementations sans fin et coûteuses pour leurs exploitations. Dans le prolongement, se profile enfin l’ombre de la réforme de la Politique agricole commune PAC 2027-2032.
Des pendus accrochés aux lampadaires à Cahors. DDM PF
Autant de sujets qu’ils n’ont pas manqué d’évoquer longuement au cours de la soirée devant Claire Raulin, préfète du Lot, qui a reçu une délégation de la FDSEA et des JA en préfecture. Cette mobilisation sonnait donc comme un rappel aux dirigeants du pays, une mise en garde en somme…
À Figeac, on dénonce “Toujours plus de normes. Toujours plus d’importations”. DDM Jean-Claude Boyer
“On perd espoir, on en a marre de venir toujours rabâcher”
Face à cette situation devenue intenable pour la profession et l’ensemble des filières, il y a Rémi, des JA, qui manifeste depuis deux ans déjà. ” Il ne se passe rien. On avait demandé la simplification administrative, on n’a rien obtenu. La Loi Dupont, pour l’instant on ne voit toujours rien de concret. Alors, on perd espoir, on en a marre de venir toujours rabâcher.” Dans les discussions, place Chapou, la situation de l’abattoir de Saint-Céré inquiète aussi les éleveurs, tous défendent les productions agricoles locales et cet outil agroalimentaire essentiel pour le territoire et leurs activités.
Devant la préfecture du Lot, les agriculteurs commencent à arriver, arrêtant leurs tracteurs sur le parvis de la cathédrale. DDM Pauline Frayssou
Pendant ce temps, à Figeac, sur le Foirail, ils ont déposé des bottes de foin sur le giratoire, histoire de faire passer le message : “Toujours plus de normes, toujours plus d’importations” ; avant de descendre sur les quais, pour installer des épouvantails, pendus par une corde, sur la passerelle piétonne enjambant le Célé.
Une trentaine d’agriculteurs ont procédé aux installations en centre-ville de Figeac, à la nuit tombée. DDM JC Boyer
Même chose à Saint-Céré, où d’autres actions se déroulaient également… Et puis Souillac et Montfaucon. Au petit matin, les Lotois auront la surprise de découvrir ses installations de pendus accrochés aux lampadaires ou aux ponts de leur ville…