Ce lundi, le Président Emmanuel Macron a donc reconnu l’Etat de Palestine devant les Nations Unies à New York au nom de la France. Il a dû faire face, en amont, à de multiples pressions et critiques de la part des soutiens de Benjamin Nétanyahou, très actifs à droite et à l’extrême droite. Cette décision, bienvenue même si elle est tardive, demeure cependant largement symbolique tant que la France persiste à ménager Israël.
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Décryptage
Palestine : la reconnaissance, et après ?
Certains ont critiqué cette décision au nom de la démocratie : le Parlement français ne se serait pas prononcé à ce sujet. Ce n’est pas exact : en décembre 2014 déjà, l’Assemblée nationale comme le Sénat avaient voté à une large majorité en faveur d’une telle reconnaissance, ainsi d’ailleurs que le Parlement européen au même moment. Si déni de démocratie il y a, c’est plutôt celui des exécutifs qui se sont succédé depuis onze ans et n’avaient jamais mis en œuvre cette décision validée par les deux Assemblées de la République.
D’autres, sont restés particulièrement discrets suite à cette annonce. C’est le cas notamment des principaux dirigeants du « bloc central » : Gabriel Attal, le leader du parti du président de la République a ainsi préféré tweeter lundi soir au sujet du Ballon d’or d’Ousmane Dembélé. Et cela sans parler des initiatives intempestives prises par le ministre de l’Intérieur démissionnaire contre les élus qui souhaitaient marquer solennellement ce moment dans leurs communes. Alors oui, avec une telle décision, porteuse d’espoir, le président de la République a fait preuve d’un certain courage. Mais les actions qui suivront devront être à la hauteur. Car cet Etat de Palestine n’a à ce jour ni frontières, ni territoire, ni capitale.
Par elle-même, cette décision symbolique n’aura de plus malheureusement pas de répercussion immédiate positive sur le terrain. Que vaut-elle pour les habitants de Gaza massacrés, affamés et enfermés dans des camps avant que les survivant.e.s ne soient très probablement déportés si rien de plus n’est fait pour arrêter Netanyahou ? Que vaut-elle pour les otages israéliens abandonnés à leur sort par le gouvernement israélien au profit de son projet de nettoyage ethnique ? Que vaut-elle pour les habitants de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie occupée en proie quotidiennement aux exactions des colons et des soldats qui les chassent de leurs terres et de leurs maisons en vue d’une annexion totale ?
La reconnaissance de l’Etat de Palestine ne peut avoir de sens que si elle s’accompagne de mesures de nature à faire plier Benyamin Netanyahou dès les prochaines semaines. C’est là que nous pourrons véritablement mesurer si courage il y a ou pas. Il faut en particulier, d’urgence, suspendre l’accord d’association entre l’UE et Israël ainsi que les ventes d’armes à ce pays, interdire les importations en provenance des colonies illégales, sanctionner les ministres et les dirigeants politiques israéliens qui expriment des projets génocidaires ou encore exclure Israël des compétitions de l’UEFA et de l’Eurovision…
Pour le moment, les premières annonces post-reconnaissance du président de la République ne semblent pas à la hauteur des enjeux. Pour avoir une petite chance de stopper la politique génocidaire de Benyamin Netanyahou avant qu’elle n’ait atteint son but de nettoyage ethnique, il faut impérativement aller dès maintenant plus loin et plus fort que la seule et tant attendue reconnaissance de l’Etat de Palestine.
Cet article est une tribune, rédigée par un auteur extérieur
au journal et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.