La garde à vue de Cédric Jubillar dans les locaux de la gendarmerie de Gaillac en juin 2021 a duré 48 heures, rythmée par sept interrogatoires et une confrontation avec sa mère. Malgré la pression des enquêteurs et des juges, il a toujours nié être impliqué dans la disparition de Delphine.
Dans le quartier de la Madeleine, à Albi, ce mercredi 16 juin 2021 en milieu de journée, Cédric Jubillar s’affaire sur un chantier. C’est là que les gendarmes surgissent. Le peintre-plaquiste est interpellé cinq mois jour pour jour après la disparition de sa femme, Delphine. Dans le même temps, à quelques kilomètres de là, sa mère Nadine et son beau-père Olivier Fabre sont arrêtés à leur domicile de Carmaux. Tous trois sont conduits en garde à vue.

Destination la gendarmerie de Gaillac, à mi-chemin entre Albi et Toulouse. Derrière les murs de cette brigade moderne et spacieuse s’ouvre alors un huis clos de 48 heures. Sept interrogatoires et toujours la même ligne de défense. Cédric Jubillar nie tout et martèle, inlassablement : “Je n’ai rien fait.”
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Mais les gendarmes ne lâchent rien. Ils reviennent sur la nuit du 15 au 16 décembre 2020, sur son téléphone mystérieusement éteint. “Mode avion”, répond Cédric. Ils l’interrogent sur ces mots troublants adressés à Séverine, sa compagne de l’époque : “Je l’ai enterrée à la ferme qui a brûlé”. Un aveu ? Une piste ? Non, jure Jubillar. “C’était pour plaisanter. Je trouvais nul qu’elle me demande ça”, explique-t-il. Séverine a elle aussi été auditionnée ce 16 juin 2021.
“C’est le moment d’être courageux Monsieur Jubillar”
Le moment le plus saisissant survient lors de la confrontation organisée avec sa mère. Quelques minutes seulement. En larmes, Nadine implore son fils de dire la vérité. Lui reste figé, campé sur ses dénégations.
À l’extérieur, c’est la cohue : des journalistes venus de toute la France attendent pendant des heures devant la gendarmerie, à deux pas d’un collège. Ils n’auront rien, pas une image de Cédric ou de ses proches.

La garde à vue bascule dans une autre intensité dans la nuit du 17 au 18 juin. Trois heures du matin. Les enquêteurs jouent leur dernière carte : la pression psychologique. “C’est le moment d’être courageux, Monsieur Jubillar. Il faut penser à vos enfants, à votre famille”, lance l’un d’eux. Un autre ajoute, implacable : “Aujourd’hui, c’est nous qui vous posons les questions. Demain, ce seront vos enfants, et vous ne serez pas là pour y répondre.”
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Puis une photo de famille est posée sur la table. Sur le cliché, un couple heureux, deux enfants souriants. Cédric Jubillar baisse les yeux. Un soupir. Puis cette phrase : “C’était le bon temps. Je n’ai rien fait, je vous jure que je n’ai rien fait.”
Pas d’aveux, pas de fissure dans son récit
À Gaillac, les juges d’instruction elles-mêmes, Audrey Assemat et Coralyne Chartier, se déplacent en personne, signe de l’importance de l’instant. Mais rien n’y fait.
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Vendredi 18 juin, en fin de matinée, la garde à vue s’achève. Pas d’aveux, pas de fissure dans son récit. Cédric Jubillar est mis en examen pour “meurtre sur conjoint” puis écroué à la maison d’arrêt de Seysses. Le soir même, le procureur de Toulouse, Dominique Alzéari, tient une conférence de presse sous haute tension. Il détaille les “indices graves et concordants” qui accablent le mari de Delphine.
Depuis, Cédric Jubillar reste inflexible : “Je n’ai rien fait”. Mais ces 48 heures à Gaillac demeurent comme la première grande scène d’un drame judiciaire hors norme.