Retraités de la police, salariés ou étudiants : depuis 2003, l’ARPD réunit des centaines de volontaires pour aider les familles confrontées à la disparition d’un proche. En Haute-Garonne, ils sont une trentaine à s’engager au quotidien.
Depuis le 6 avril, Aurélie n’a plus de nouvelles de sa fille. Chloé, 14 ans, a fugué du domicile familial de Colomiers, en banlieue toulousaine. Chaque jour, cette mère en congé longue durée, dont le mari est lui aussi en arrêt maladie, scrute les sites d’escortes et les réseaux sociaux, espérant retrouver une image de l’adolescente. L’été dernier, elle s’est tournée vers l’association Assistance et recherche des personnes disparues (ARPD). “Ils font le travail que les policiers ne faisaient pas”, glisse-t-elle. Deux bénévoles sillonnent désormais le terrain et retournent les traces numériques. “C’est du travail sérieux, ils sont impliqués”, insiste Aurélie.
Créée en 2003, l’ARPD compte environ des centaines d’enquêteurs en France, dont une trentaien en Haute-Garonne. Leur mission : épauler les familles confrontées à la disparition d’un proche. Mandatés après le dépôt d’un dossier précis, ces citoyens mènent des recherches parallèles aux autorités. Dans un pays où environ 60 000 disparitions sont enregistrées chaque année, dont la majorité se résolvent rapidement, l’association se saisit le plus souvent de dossiers jugés “non inquiétants” par la police.
Près de Toulouse, Yannick Grunenwald fait partie de ces enquêteurs de l’ombre. Photographe indépendant, il s’est engagé à l’ARPD il y a un peu plus d’un an. “J’ai été maître-chien et militaire, j’ai toujours voulu aider mon prochain. Et il faut aussi dire que les disparitions, ça me passionne”, confie-t-il. Il parcourt le département et les réseaux sociaux du lundi au dimanche. “Quand j’ai une enquête, je vais jusqu’au bout. Il m’est déjà arrivé de retrouver une personne disparue.” Avec la police, assure-t-il, “on a plutôt un rôle complémentaire que de substitution”.
“On traite toutes les disparitions”
Chaque mois, les enquêteurs bénévoles de la Haute-Garonne se réunissent pour faire le point. Chaque année, entre cinq et dix dossiers leur sont confiés. “On ne choisit pas les disparitions, on les traite toutes “, souligne Pierre-Alain Blanc, conseiller à France Travail le jour, président de l’antenne régionale le soir. Enquêtant depuis six ans, il évoque sa propre “fascination pour le mystère”, nourrie par les affaires locales.
Si un tiers des bénévoles viennent des rangs de la police, de la gendarmerie ou du monde juridique, la majorité sont de simples citoyens : retraités, salariés, étudiants en droit. Tous doivent présenter un casier vierge. Beaucoup sont formes en interne. “Certains pensent travailler sur des cold cases dès leur arrivée, pose Pierre-Alain Blanc. Mais il faut du temps avant d’acquérir de l’autonomie.”
Le mouvement n’a cessé de croître à mesure que la passion du “true crime” s’est installée en France, portée par les podcasts et documentaires. Avec, à la clé, quelques beaux succès : selon l’association, près d’un tiers des dossiers pris en charge au niveau national aboutissent à une issue positive.
Pour Aurélie, ces statistiques restent abstraites. Elle attend surtout un signe de sa fille. En attendant, ce sont ces enquêteurs bénévoles, silhouettes discrètes mais obstinées, qui maintiennent l’espoir.