September 24, 2025

La projection d’un documentaire anti-A69 au cinéma à Castres déclenche la polémique

l’essentiel
La projection au cinéma d’un documentaire évoquant la lutte contre l’A69 suscite des réactions à Castres. Les opposants y voient un espace de débat, les partisans dénoncent une tribune militante. Le clivage autour de l’autoroute s’invite jusque dans les salles obscures.

“En avant-première, tournée spéciale lutte contre l’A69”. C’est ainsi que la Voie est libre, le collectif d’opposants à l’autoroute entre Castres et Toulouse, présente le documentaire “Le Vivant qui se défend” de Vincent Verzat, qui sera projeté ce jeudi 25 septembre à 20 h 15 au multiplexe CGR de Castres.

Et forcément, cela a suscité des réactions parmi les pro-A69. “Mais pourquoi le cinéma de Castres projette ce film, c’est n’importe quoi.” “Il faudrait se mobiliser pour montrer que son film et lui-même sont indésirables sur notre territoire.” “Il faudrait se rendre devant le cinéma pour manifester notre mécontentement.” “Pourquoi donner une telle tribune à des personnes qui ignorent nos réalités alors que 80 % des habitants de notre territoire soutiennent l’A69.” Ce sont autant de commentaires que l’on peut lire sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de cette projection relayée par les anti-autoroute, même si certains relativisent l’impact de ce documentaire.

“C’est l’une des luttes que j’ai le plus suivies”

“Le Vivant qui se défend” est un long métrage documentaire de Vincent Verzat. “Le film retrace son cheminement entre militantisme et naturalisme. Partant d’un récit personnel et sensible, le film fait le lien entre les animaux sauvages et les luttes qui sont menées partout en France contre la destruction de leurs habitats”, décrit le dossier de presse.

“Cela fait 10 ans que j’enquête sur les grands enjeux écologiques, économiques et sociaux, que je filme les mobilisations environnementales”, explique le réalisateur, qui a suivi notamment les luttes forestières du plateau des Millevaches, celles des méga-bassines du Poitou et, bien sûr, l’autoroute A69. “C’est une des luttes que j’ai le plus suivies”, confirme Vincent Verzat. “Mais mon propos dépasse largement l’A69. J’ai 350 dates d’avant-premières partout en France”, continue le réalisateur, qui ne comprend pas bien pourquoi son film provoque cette levée de boucliers. “S’il y avait un film projeté sur les bienfaits des projets autoroutiers, je n’appellerais pas à la mobilisation pour empêcher sa projection.” Et s’il a décidé de venir présenter son film à Castres, même si finalement cela sera en visio suite à un accident de VTT, “c’est parce que je vais dans toutes les villes où j’ai filmé des séquences.”

Le réalisateur en action lors du tournage sur les manifestations anti-A69.
Le réalisateur en action lors du tournage sur les manifestations anti-A69.
pcf.lefilm

Pour la directrice du CGR de Castres, la polémique n’a pas vraiment lieu d’être. Si elle concède que cela peut être pris comme de la “provocation”, Florence Panis remet cette projection dans son contexte. “Tout au long de l’année, on propose des ciné-débats sur des thèmes très variés en essayant de faire venir des réalisateurs. Et il ne faut pas faire l’amalgame entre un lieu d’échange et de débat et être militant”, explique-t-elle, citant par exemple la projection prochaine de “L’Évangile de la révolution”. “Et ce n’est pas pour autant que je prône l’Évangile !”

“Ce n’est pas sa diffusion qui va arrêter ou relancer le chantier”

La directrice invite au contraire les pro-A69 à venir débattre mais “sans casser les fauteuils”, ironise-t-elle. “On a reçu un message au siège du CGR qui nous expliquait qu’en accueillant ce réalisateur on incitait aux violences lors des manifestations. On m’a même menacée de ne plus venir au cinéma parce qu’on soutenait un écoterroriste. Pour moi, ces menaces sont davantage du terrorisme”, continue Florence Panis, qui recentre le débat. “Ce film est un point de vue que l’on peut discuter. Mais ce n’est pas sa diffusion qui va arrêter ou relancer le chantier.”

“Ce film est autant un voyage qu’une main tendue entre des mondes qui ne se rencontrent pas, ou si peu”, affirme Vincent Verzat dans le dossier de presse. Même si le communiqué de presse de l’équipe du film n’hésite pas à présenter les projections prévues en Occitanie “en soutien à la lutte face à l’A69 et ses centrales à bitume.” “Lors des projections seront présents des collectifs en lutte du territoire”, souligne le communiqué, qui évoque un film retraçant “l’engagement des habitants en lutte et la violence de l’État et du concessionnaire responsables du désastre.”

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