September 23, 2025

Procès Jubillar : "Le fils du couple, Louis, est convaincu de la culpabilité de son père"… Le récit poignant des enfants

l’essentiel
Devant les assises du Tarn, à Albi, la représentante légale des enfants a ému la cour en évoquant, pour la première fois, les sentiments tourmentés de Louis et Elyah, 11 et 6 ans. Leur père est jugé, accusé d’avoir tué leur mère en décembre 2020. Il nie toujours toute implication.

Derrière sa chevelure poivre et sel, on devine les traits d’une femme responsable et protectrice. Son rôle est d’une extrême sensibilité : elle représente les intérêts de Louis et Elyah, 11 et 6 ans, les enfants du couple Jubillar, plongés en pleine tragédie. Leur mère, Delphine Jubillar, 33 ans, a disparu depuis la nuit du 15 au 16 décembre 2020, à Cagnac-les-Mines, (81) et leur père Cédric, accusé de l’avoir tuée, est en prison. La représentante légale de Louis et Elyah se présente à la barre.

“Les enfants attendent des réponses”

L’administratrice ad hoc est convaincue de la culpabilité de Cédric Jubillar et fait part de l’évolution de ces enfants, depuis presque 5 ans. Une photo de leur mère trône au-dessus d’une table de leur chambre. “Les enfants attendent des réponses de leur père. Ils sont bien entourés dans une famille aimante, chez Stephanie la sœur de leur mère”.

Puis, elle livre leur sentiment sur cette affaire. “Louis est convaincu du décès de sa mère, et Elyah se demande si sa mère est vivante. Quand elle n’arrive pas à s’endormir, en pensant à sa maman, elle s’invente une baguette magique et récite la formule magique, abracadabra, et demande à ce que sa maman revienne. Louis a voulu changer de nom pour entrer au collège. Il ne veut plus s’appeler Jubillar”.

“Louis en colère contre son père”

Cédric Jubillar n’a pas coupé le lien avec ses enfants. La représentante légale évoque des échanges de courriers. “Son père lui a écrit que quand il sortira de prison, ils iraient voir un concert de Vianey. Mais en juin dernier, Louis était très en colère contre son père. Il ne voulait plus le voir. Il veut savoir où est le corps de sa maman, il est convaincu qu’il l’a tuée”. Un frisson parcourt la salle d’audience.

Dans son box, Cédric Jubillar remue ses jambes. L’administratrice poursuit : “Les premières fois, Louis me disait que papa est en prison parce qu’on lui a dit que, peut-être, il n’a pas tout dit aux gendarmes”. La déclaration fait bondir la défense qui soupçonne le témoin de partialité. Elle ne comprend pas pourquoi cette femme, censée servir les intérêts des enfants, “prend clairement position” risquant d’influencer les enfants Jubillar avant même que la justice ne tranche.

“Je veux qu’on lui dise que je l’aime”

– “Vous avez lu le dossier, vous vous êtes fait une conviction et vous avez mandaté des avocats pour soutenir cette conviction ?”, questionne Me Franck pour la défense. Gène de la représentante légale. – “oui”. Mais elle nuance. “Il n’y a jamais eu d’animosités à l’égard de Cédric Jubillar. Je n’ai jamais entendu Louis évoquer des méchancetés, et Elyah dit, je veux qu’on lui dise que je l’aime”.

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Delphine Aussaguel s’est construite au milieu des siens, de sa sœur aînée Stéphanie et de ses deux frères cadets, Mathieu et Sébastien. Delphine est née le 15 novembre 1987, à Albi (Tarn). Valentin Belbèze, l’enquêteur de personnalité qui déroule le parcours de vie de la jeune fille évoque “une vie modeste empreinte de précarité”, dans un HLM de Gaillac, parle “d’une famille très unie”, celle du “clan Aussaguel”. Les quatre enfants sont confrontés à la séparation de leurs parents, en 1995, puis au décès du père, en 2000, sur fond de problème d’alcoolisme. Un sujet tabou dans la famille. Une disparition vécue comme “une tristesse éloignée”. À table, on se contente de peu, “une boîte de raviolis c’était la fête à la maison”, résume l’enquêteur de personnalité. La mère est de santé fragile, dépressive, elle décède en 2016, à la suite d’une longue maladie. “Delphine va alors assister sa mère jusqu’à son dernier souffle faisant preuve de beaucoup de courage”.

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Delphine, une vie de résilience

Malgré les coups durs, Delphine poursuit sa scolarité, à Gaillac et Albi où elle décroche un Bac en science médico-social pour être infirmière, en 2011. En 2005, lors d’une soirée anniversaire entre amis, c’est la rencontre avec Cédric Jubillar, à la réputation de bad boy. “Delphine, 17 ans et demi, est plus discrète, elle vient d’une famille taiseuse”, contrairement à Cédric, plus affirmé, parfois exubérant. Des personnalités aux antipodes et selon les proches de Delphine, “elle était amoureuse et séduite par le côté tout feu tout flamme de cet homme”.

Un homme qui lui aussi porte ses blessures de l’enfance. “Une enfance cabossée pour tous les deux”, relève l’un des avocats généraux, Nicolas Ruff. Une vie de résilience et un désir de se construire un univers familial soudé et uni. Mais les années passent avec Cédric et Delphine multiplie les griefs à l’égard de son mari. Jusqu’à cette fameuse nuit du 15 au 16 décembre 2020 et la disparition de Delphine Jubillar.

“Les enfants évoluent bien”

“Les enfants évoluent bien, Elyah est en CP, Louis au collège, ils sont bons élèves tous les deux”, explique à la barre, Stéphanie, la sœur Delphine. “Louis pratique le rugby, Elyah fait de la danse. Louis a toujours eu des difficultés à répondre au courrier de M. Jubillar. Il a fugué en juin dernier pour aider une amie qui disait être victime de maltraitance. Il dit qu’il aimerait avoir un lieu pour se recueillir auprès de sa mère”.

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