La scène est survenue mi-septembre, et concerne un groupe d’une quinzaine de jeunes. Les parents entendent réagir.
Ils étaient quatorze, âgés de 10 à 13 ans. Ce qui leur est reproché : avoir disputé une partie de football sur la place Pino Signoretto, au cœur de Murano, petite île de 4 500 habitants rattachée à Venise. Mais le 12 septembre, leur après-midi de jeu s’est terminé de manière inattendue : arrêtés et verbalisés par les carabiniers après un appel d’un voisin excédé par le bruit.
Comme le raconte La Stampa, les militaires ont dressé un procès-verbal. Motif invoqué : “trouble à la tranquillité publique et danger pour les passants”, dans une zone classée interdite aux ballons depuis 2019. Résultat : une amende de 50 euros pour chaque famille, montant qui grimpera à 500 euros en cas de non-paiement sous 60 jours.
Un père raconte : “Mon fils m’a appelé en pleurs. La police n’a rien voulu entendre. Ils auraient pu nous appeler, nous les parents, et nous demander de ramener nos enfants à la maison. Au lieu de cela, ils ont immédiatement pris leurs noms et adresses.”
La colère des familles est à la hauteur de la stupeur. Antonio Trampus, dont le fils figure parmi les sanctionnés, dénonce une décision absurde : “Nous ne comptons pas payer. Nous ferons appel, non seulement auprès du commandant des carabiniers, mais aussi auprès du maire de Venise.”
D’autant que le terrain concerné a récemment été réhabilité pour redevenir un espace de vie, régulièrement utilisé pour des manifestations sportives officielles. “Empêcher les enfants d’y jouer, c’est le condamner à retomber dans le même état de dégradation qu’avant”, le père de famille.
Dans une ville frappée de plein fouet par le dépeuplement, l’affaire prend une résonance particulière. “Étaient-ils des escrocs ? Des pickpockets ? Des trafiquants de drogue ? Non, c’étaient les parents d’enfants”, s’indigne sur Facebook Marco Gasparinetti, conseiller municipal.
Face à l’ampleur de la polémique, certains élus appellent déjà à une révision des règlements, pour éviter que les enfants ne soient assimilés à des fauteurs de troubles. “Venise est et doit rester une ville vivante”, martèle Gasparinetti.