September 23, 2025

"On aurait dû le faire plus tôt !" : à Narbonne, mère et fille changent de métier pour reprendre une fromagerie

l’essentiel
Il fallait oser : Corine et Noémie Guy, mère et fille, ont quitté leur métier respectif pour reprendre un étal de fromages au marché des Halles de Narbonne. Aucune ne regrette cette reconversion professionnelle réussie à quatre mains.

Corine Guy, 53 ans, est infirmière de métier. Une activité qu’elle a exercée de nombreuses années avec dévouement. Pourtant, “j’ai toujours dit que dans une autre vie, je serais fromagère !”. Alors, quand son associé a vendu ses parts de patientèle il y a un an, elle a rebondi en donnant un nouvel élan à sa carrière. Un pari courageux, dans lequel sa fille Noémie, 29 ans, l’a rejoint il y a quelques mois : mère et fille sont devenues associées à la tête du commerce “Les grands fromages de Narbonne”, au marché des Halles.

“On n’a pas l’impression de venir travailler”

De par son expérience d’infirmière libérale, Corine Guy était déjà rodée au statut de chef d’entreprise “et cela m’a aidé à monter le projet”, dit-elle. Pour sa fille Noémie, technicienne de laboratoire, le changement a été plus radical. “Je venais d’avoir un bébé, j’arrivais à la fin de mon congé maternité et j’étais à un tournant de ma vie”, explique-t-elle. Pourtant, ce changement professionnel s’est imposé, presque comme une évidence. Les deux femmes sont amatrices de fromages et surtout, “nous avons toujours aimé les fromageries : en vacances, ce sont des commerces que nous tenons à visiter car ils sont l’expression du terroir et de leur identité”.
Pour passer du rêve à la réalité, Corine Guy s’est investie sans compter. “Je me suis rapprochée de la Chambre de commerce qui m’a accompagnée dans le montage des dossiers. Il a aussi fallu convaincre les banques. Ensuite, l’ancien propriétaire m’a présenté les fournisseurs, m’a aiguillée sur les commandes, la gestion du stock, la coupe, l’emballage…”. À présent, mère et fille s’épanouissent dans leur nouvel environnement professionnel. “Chaque fromage a son histoire et un goût particulier. On se régale de faire les tests qualité et la diversité est tellement grande qu’on se demande si on arrivera à connaître tous les fromages un jour”. Sans oublier la partie créative et humaine. “C’est un plaisir de composer de belles vitrines et des plateaux alléchants. De plus, aux Halles, les gens prennent le temps. Nous avons créé des liens avec beaucoup d’entre eux. Il y a de la bonne humeur derrière notre étal et on n’a pas l’impression de venir travailler”.

Une reconversion inspirante

Quant aux ingrédients du succès, ils sont simples et efficaces : “Nous allons dans le même sens. Nous sommes carrées dans la façon de travailler, sur l’hygiène et l’organisation. On se partage le temps de travail et les tâches”. Tandis que Corine s’attelle à la partie administrative, Noémie développe la communication en ligne et sur les réseaux sociaux.
À la suite de cette audacieuse reconversion entre mère et fille, les deux associées délivrent un message plein d’optimisme : “A tous ceux qui veulent changer de métier, nous voulons dire qu’ils peuvent s’en donner les moyens. Surtout les femmes : même si elles visent une activité dans un univers masculin, elles doivent prendre leur part. Nous avons passé des nuits sans dormir et nous nous sommes posé beaucoup de questions. Nous avions un confort et une routine, mais être son propre patron offre une grande liberté. Même si ce n’est jamais tout rose, cela nous permet de concilier vie professionnelle et familiale. Nous venons travailler le cœur léger et nous ne ferons jamais marche arrière… D’ailleurs on aurait dû le faire plus tôt !”.

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