Face à la surexposition des jeunes au numérique, opérateurs télécoms, sociétés de cybersécurité et pouvoirs publics déploient chacun leurs outils : forfaits dédiés, guides pratiques et repères d’âge. Objectif commun : aider les parents à encadrer l’usage des écrans et des réseaux sociaux.
Limiter l’exposition des enfants aux écrans et prévenir les risques liés aux usages numériques est devenu un enjeu central pour les familles. Mais les parents se sentent parfois démunis pour savoir que faire pour poser des limites. Les acteurs privés comme publics multiplient heureusement les initiatives afin de les accompagner dans ce défi quotidien.
Trois approches se dessinent : solutions techniques portées par les opérateurs ou des sociétés numériques, guides pratiques proposés par les spécialistes de cybersécurité, et cadre normatif impulsé par l’État.
Une offre d’Orange pensée pour les adolescents
Orange a par exemple lancé le 3 juillet une nouvelle version de son offre SaferPhone, pensée pour les adolescents. Cette offre comprend un forfait mobile « Série Spéciale SaferPhone 5Go », accessible à 5,99 euros par mois pour les clients internet Orange, et 9,99 euros pour les autres. Il inclut appels et SMS illimités, un quota de données bloqué, ainsi que la possibilité d’acquérir un smartphone neuf ou reconditionné à prix préférentiel.
Surtout, l’opérateur propose un pack Protection Enfant inédit. Ce dispositif intègre une solution de contrôle parental (gestion du temps d’écran, blocage de contenus inappropriés, coupure d’internet à la demande), un service de détection du cyberharcèlement en partenariat avec la start-up SafeBear, et un anti-spam pour filtrer les appels indésirables.
Le suivi ne se limite pas à la technique et Orange met à disposition un accompagnement personnalisé, un guide pratique et deux ateliers gratuits pour initier les familles aux usages numériques responsables. Cette stratégie s’inscrit dans un engagement plus large, via l’initiative #ForGoodConnections, qui a déjà sensibilisé plus de 500 000 adolescents depuis 2021.
Des sociétés du numérique proposent aussi des solutions poussées avec des applications de contrôle parental comme mSpy, Qustodio, Net Nanny. Les constructeurs de smartphones proposent aussi des outils de contrôle pour les parents, tout comme les plateformes de réseaux sociaux qui, sous la pression, offrent quelques réglages.
L’éducation numérique
Autre levier, celui de l’éducation numérique. En septembre dernier, Kaspersky a publié son « Cartable numérique : Guide des parents pour l’année scolaire », conçu pour aider les familles à aborder sereinement l’usage du smartphone et des réseaux sociaux. Le document propose des recommandations pratiques : instaurer un dialogue ouvert avec l’enfant plutôt que de critiquer son désir d’être en ligne, configurer ensemble les comptes sur les plateformes, apprendre à ne pas partager d’informations sensibles, vérifier la visibilité des pseudonymes et sensibiliser aux dangers du grooming (le processus par lequel un adulte aborde intentionnellement des mineurs et les manipule à des fins sexuelles).
L’expertise insiste sur l’importance d’une implication active des parents, qui doivent paramétrer avec leurs enfants les outils de sécurité et rester attentifs aux interactions en ligne. Les solutions techniques, comme Kaspersky Safe Kids, complètent cet accompagnement en permettant aux parents de suivre l’activité numérique sans intrusion excessive.
Les pouvoirs publics entendent poser un cadre clair
Enfin au-delà des initiatives privées, les pouvoirs publics entendent poser un cadre clair. Depuis janvier 2025, le carnet de santé intègre des repères d’âge précis : absence totale d’écran avant 3 ans, usage limité et accompagné entre 3 et 6 ans, introduction progressive des outils numériques après 6 ans avec un encadrement renforcé, téléphone sans accès internet à partir de 11 ans, interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans.
Ces recommandations s’accompagnent de mesures concrètes : interdiction d’écrans dans les crèches pour les moins de 3 ans depuis juillet 2025, généralisation d’un passeport internet dès le CM1, certification numérique obligatoire en 6e, et campagnes nationales de sensibilisation sur l’importance des interactions humaines durant les mille premiers jours de l’enfant.
La stratégie de l’État mise également sur le développement des compétences psychosociales : apprendre à gérer ses émotions, à résister à la pression sociale en ligne et à développer un esprit critique face aux contenus. L’objectif affiché est de donner aux enfants les moyens d’évoluer dans le numérique sans en subir passivement les risques.