Un rapport universitaire affirme que la Russie a mobilisé un important réseau de structures pour rééduquer et militariser les “enfants volés de l’Ukraine”. Quelque 35 000 mineurs seraient concernés par ce dispositif à grande échelle.
C’est un sujet d’inquiétude dans le contexte de la guerre en Ukraine : depuis le début de l’invasion des troupes russes en 2022, les forces armées de Moscou ont procédé à la déportation de très nombreux mineurs, selon plusieurs ONG. Mais que deviennent-ils une fois qu’ils ont passé la frontière russo-ukrainienne ? Un rapport du laboratoire de recherche humanitaire de l’université américaine Yale (HRL), publié mardi 16 septembre, affirme que les “enfants volés de l’Ukraine” ont intégré – pour la plupart – un inquiétant réseau russe de “rééducation et de militarisation”. 35 000 enfants seraient concernés par ce dispositif de “russification” selon l’établissement universitaire qui parle d’un “système potentiellement sans précédent de rééducation à grande échelle”.
Quelque 210 établissements dédis à cette mission ont été identifiés sur le sol russe. Nombre d’entre eux se trouveraient également dans les territoires ukrainiens occupés. Le rapport parle d’un réseau gigantesque qui couvrirait “plus de 3 500 miles [5 600 kilomètres] et 59 régions en Russie et dans l’Ukraine occupée” et qui serait composé d’écoles militaires, de bases militaires, d’établissements médicaux, de sites religieux, d’écoles secondaires d’universités, d’orphelinats et le plus souvent… de centres de vacances.
“La plus grande entreprise de kidnapping d’enfants”
Dans le cadre de cette étude, le laboratoire de recherches s’est appuyé sur des documents officiels de la Russie, en les recoupant avec des analyses d’images satellites. Résultats : “plusieurs dizaines de milliers d’enfants” auraient ainsi été retenus dans ces établissements. Certains y ont été “envoyés temporairement et sont rentrés chez eux”. D’autres y sont restés “indéfiniment”, précise le document. Certains enfants ont dû par ailleurs intégrer un programme russe d’adoptions forcées : ils ont ainsi été accueillis dans des foyers russes. L’objectif : assimiler les “enfants volés de l’Ukraine” comme des citoyens russes.
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Pour y parvenir, la Russie a mis en place des activités de rééducation basés sur des “programmes culturels, patriotiques ou militaires”, s’alignant potentiellement sur les intérêts de Moscou. Ces activités doivent également s’inscrire “dans le cadre d’une campagne plus large menée sous les ordres de Vladimir Poutine pour russifier les habitants des territoires occupés”. “C’est la plus grande entreprise de kidnapping d’enfants depuis la seconde guerre mondiale, quand les nazis ont kidnappé des milliers d’enfants polonais, évoque Nathaniel Raymond, directeur exécutif du HRL, auprès de nos confrères du Monde. La Russie a mis en place un système pour laver le cerveau des enfants ukrainiens, les entraîner comme des soldats et remplacer leur identité ukrainienne par l’identité russe”.
Au mois d’août dernier, une ONG avait annoncé avoir trouvé en ligne un catalogue russe recensant une centaine d’enfants ukrainiens volés. Ces derniers étaient triés selon leur âge, leur couleur des yeux ou encore leur caractère, tout en étant proposés à l’adoption.