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Le Nouvel Obs avec AFP
Un avion et un hélicoptère de l’armée de l’air roumaine à Bucarest, en Roumanie, le 30 août 2025. ANDREEA ALEXANDRU/AP/SIPA
Moins de quatre jours après la spectaculaire intrusion dans le ciel polonais de 19 drones russes, un autre pays membre de l’Otan, la Roumanie, a affirmé samedi 13 septembre qu’un appareil sans pilote avait violé son espace aérien. L’engin avait violé l’espace aérien roumain lors d’une attaque russe contre des infrastructures en Ukraine voisine.
L’armée roumaine a dépêché dans la soirée deux avions de combat F-16 pour surveiller la situation en liaison avec ces bombardements sur le sol ukrainien qui ont « détecté un drone dans l’espace aérien national », a expliqué dans un communiqué le ministère de la Défense.
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Les appareils ont suivi cet engin jusqu’à ce qu’il « disparaisse des radars » près du village de Chilia Veche, a-t-il ajouté. Le drone « n’a pas survolé de zones habitées et n’a pas constitué une menace imminente pour la sécurité de la population » en Roumanie, membre comme la Pologne de l’Otan, a précisé le ministère.
Le pays membre de l’OTAN « condamne fermement les actions irresponsables de la Fédération de Russie et souligne qu’elles représentent un nouveau défi pour la sécurité et la stabilité régionales dans la région de la mer Noire », a déclaré le ministère de la Défense dans un communiqué ce dimanche 14 septembre, ajoutant que « de tels incidents démontrent le manque de respect de la Fédération de Russie pour le droit international ».
« La violation de l’espace aérien roumain par des drones russes est une autre violation inacceptable de la souveraineté d’un État membre de l’UE, » a écrit la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas sur X, ce dimanche. « Cette escalade imprudente menace la sécurité régionale. Nous exprimons notre solidarité avec la Roumanie ».
La Pologne en état d’alerte
Dans le même temps, les Polonais et l’Alliance atlantique ont déployé des hélicoptères et des avions de combat en raison d’attaques de drones russes en Ukraine, non loin de la frontière polonaise.
Le Commandement opérationnel des Forces armées polonaises a fait état d’opérations d’avions « polonais et alliés » en « raison de la menace de frappes de véhicules aériens sans pilote (drones, NDLR) dans les régions d’Ukraine limitrophes de la République de Pologne ». Il a ajouté que « les systèmes terrestres de défense aérienne et de reconnaissance radar ont atteint leur plus haut niveau d’alerte ».
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Le Premier ministre polonais Donald Tusk a lui aussi évoqué sur X « la menace posée par des drones russes opérant au-dessus de l’Ukraine, près de la frontière polonaise » au cours de la journée de samedi.
L’espace aérien au-dessus de l’aéroport de Lublin (sud-est) a été fermé et plusieurs vols ont dû être détournés ou retardés. Donald Tusk a annoncé dans la soirée que l’alerte avait été levée. « Nous restons vigilants », a averti le chef du gouvernement à Varsovie. La Pologne et les pays de l’Alliance atlantique ayant une présence militaire sur son sol sont en état d’alerte depuis l’intrusion dans la nuit du 9 au 10 septembre d’une vingtaine de drones russes.
Trump prêt à sanctionner la Russie… sous condition
Evoquant samedi cette spectaculaire intrusion, la première de ce genre depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a l’a qualifiée « d’inacceptable », ainsi que de « regrettable et dangereuse ». « La question est de savoir si les drones avaient pour objectif spécifique de pénétrer en Pologne. Si c’est le cas (…) alors il s’agit évidemment d’une escalade majeure », a ajouté le chef de la diplomatie américaine, soulignant qu’il faudrait encore « quelques jours » pour en savoir plus.
Plusieurs pays européens, dont la France, l’Allemagne et la Suède, ont annoncé le renforcement de leur contribution à la défense aérienne de la Pologne le long de sa frontière orientale avec l’Ukraine et le Bélarus.
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Pour sa part, le président américain Donald Trump a affirmé être prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à la condition que les pays de l’Otan arrêtent d’acheter du pétrole russe. « Je suis prêt à prendre des sanctions significatives contre la Russie, à partir du moment où tous les pays de l’Otan l’auront également décidé et quand tous les pays de l’Otan auront ARRETE D’ACHETER DU PETROLE A LA RUSSIE », a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
Donald Trump évoque régulièrement la possibilité de sanctions contre les banques et le secteur pétrolier russes, sans s’y engager fermement. Si la guerre continue, l’Ukraine aura besoin de plus de 100 milliards d’euros pour financer sa défense en 2026, a affirmé samedi le ministre de la Défense ukrainien Denys Chmygal.
Incendie dans un complexe russe de raffinage de pétrole
Sur le terrain, l’armée ukrainienne est parvenue à toucher avec un drone l’un des plus grands complexes de raffinage de pétrole de Russie, y provoquant un incendie. Ce site, qui appartient à la compagnie pétrolière russe Bachneft, se trouve dans la banlieue d’Oufa, une ville située dans le centre du territoire russe, à environ 1 400 kilomètres de la ligne de front en Ukraine.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux semblent montrer un drone volant vers ce complexe avant d’exploser en une boule de feu, projetant un nuage de fumée dans le ciel. « Aujourd’hui, une installation de Bachneft a été la cible d’une attaque terroriste menée par des drones », a affirmé le chef de la région russe du Bachkortostan, Radiï Khabirov, sur Telegram. « Il n’y a eu ni morts ni blessés. Le site de production a subi des dégâts mineurs et un incendie s’est déclaré, qui est actuellement en train d’être éteint », a encore dit Radiï Khabirov. Une source au sein du renseignement militaire ukrainien (GUR) a revendiqué auprès de l’AFP la responsabilité de cette attaque.
Une source au sein du GUR a affirmé ce dimanche à l’AFP que l’Ukraine était responsable de deux opérations de sabotage ce week-end sur le réseau ferroviaire russe, qui ont fait au moins trois morts. Dans un message transmis à l’AFP, cette source anonyme affirme que le GUR, en coopération avec des unités de l’armée, a mené l’attaque de samedi dans la région russe d’Oriol et ainsi qu’une autre ce dimanche matin dans la région de Léningrad.