September 14, 2025

Internet : Elon Musk veut faire de Starlink un opérateur mobile mondial

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Après un accord de spectre de 17 milliards de dollars, Elon Musk projette de transformer Starlink en opérateur sans fil capable de connecter directement chaque smartphone à sa constellation de satellites. Un bouleversement qui questionne la souveraineté numérique européenne et l’avenir des télécommunications terrestres.

Le fantasque milliardaire Elon Musk se lance dans un nouveau projet qui pourrait bouleverser l’écosystème mondial des télécommunications. SpaceX, maison-mère de la constellation de satellites Starlink, a, en effet, acquis cette semaine auprès d’EchoStar des droits de spectre sans fil pour 17 milliards de dollars. Cet accord offre à l’entreprise l’accès aux fréquences AWS-4 et H-block, situées entre 1,9 GHz et 2 GHz. Elon Musk y voit la clé pour faire de Starlink non plus un fournisseur d’accès Internet par satellite, mais un opérateur mondial capable de connecter directement les smartphones.

La fin des zones blanches

Le projet repose sur une idée radicale : chaque utilisateur disposerait d’un compte unique Starlink, combinant accès domestique et connectivité mobile en tout point du globe. Dans ce scénario, la distinction entre réseau fixe et réseau mobile n’existe plus. Les zones blanches, qui restent un problème majeur dans nombre de pays – dont le nôtre –, seraient effacées d’un trait. Pour un randonneur perdu, un marin isolé ou un habitant d’une vallée mal couverte, la promesse est simple : avoir une barre de réseau, partout, sans dépendance aux antennes terrestres.

Là où Apple, qui a introduit une fonction de messagerie d’urgence par satellite sur ses derniers iPhone, propose un filet de sécurité, Elon Musk entend bâtir un service complet. En supplantant des systèmes comme Iridium, jusqu’ici utilisés pour les communications satellitaires spécialisées, Starlink viserait directement les géants historiques du mobile tels qu’AT & T, T-Mobile ou Verizon.

L’urgence d’accélérer pour l’Europe

Wall Street a immédiatement mesuré l’onde de choc. L’action EchoStar a bondi de plus de 20 %, tandis que les principaux opérateurs mobiles perdaient du terrain. Les analystes, toutefois, soulignent deux obstacles. D’abord, la technologie : les smartphones actuels devraient être modifiés pour fonctionner avec les nouvelles bandes de fréquences. Elon Musk estime à deux ans le délai d’adaptation. Ensuite, l’économie : dans les zones urbaines denses, où les réseaux terrestres sont déjà puissants, la pertinence d’une alternative satellitaire se pose.

Mais l’enjeu dépasse la seule équation technique. Elon Musk a déjà démontré, avec Starlink en Ukraine, sa capacité à ouvrir ou fermer un service selon ses propres décisions. Confier à une entreprise privée américaine le pouvoir d’assurer – ou de couper – la connectivité mondiale pose une question directe de souveraineté. Pour l’Europe, qui cherche à bâtir sa propre constellation sécurisée avec IRIS2 – une constellation de 300 satellites opérationnels en 2030 –, l’urgence se précise. Ne pas investir massivement reviendrait à abandonner ce levier stratégique à un acteur unique, capable de remodeler à lui seul l’écosystème mondial des télécommunications.

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