September 14, 2025

Le message des agriculteurs aux clients d’un supermarché : « Ne consommez pas ce que l’État nous interdit de produire »

l’essentiel
Une vingtaine d’agriculteurs a investi le Leclerc de Castelsarrasin et l’Intermarché de Moissac samedi soir pour contrôler la provenance des produits. Avec quelques mauvaises surprises.

« Concurrence déloyale, ne consommez pas ce que l’Etat français nous interdit de produire. » Emmenée par Damien Garrigues, président de la FDSEA de Tarn-et-Garonne et son homologue des JA Benjamin Checchin, une vingtaine d’agriculteurs a mené samedi 13 septembre 2025 dans l’après-midi une opération d’étiquetage au centre Leclerc de Castelsarrasin d’abord, avant de se rendre à l’Intermarché de Moissac.

Objectifs : inciter les consommateurs à acheter français, dénoncer la censure par le Conseil constitutionnel de l’article 2 de la loi Duplomb qui aurait permis d’utiliser des traitements et s’opposer à l’accord de libre-échange entre l’Europe et Mercosur, qui réunit la plupart des pays d’Amérique du Sud.

Une manifestation bon enfant pour une communication voulue « positive ». En ce samedi après-midi, il y avait foule à Castelsarrasin et le passage de la délégation avec force drapeaux n’est pas passé inaperçu même s’ils n’étaient pas aussi nombreux qu’attendu. Mais les « meilleurs » étaient là et par petits groupes, ils se sont rendus dans les rayons pour juger de la provenance des produits.

Pâte à tartiner du Chili et miel d’Ukraine

Comme ils l’ont déjà fait par le passé, ils sont venus avec des affichettes pour mettre en évidence les produits importés et il y avait de quoi faire entre la pâte à tartiner du Chili, le miel d’Ukraine ou de Hongrie, le raisin et le poulet d’Espagne ou encore les citrons d’Afrique ou les poires du Portugal.

« Ces produits existent en France, on nous demande de produire de plus en plus vert sans utiliser de produits et on importe des marchandises qui contiennent ces produits qui nous sont interdits. C’est incompréhensible », s’énerve Damien Garrigues.

« C’est une demande des consommateurs »

Devant les consommateurs interloqués, un débat s’ouvre entre le patron de la FDSEA et le directeur du centre Leclerc de Castelsarrasin.  « Pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous vendez ce genre de produits ? », questionne le syndicaliste.

D’abord gêné aux entournures au point de se retrancher derrière un communiqué national, le directeur finit par livrer son sentiment. « Je comprends votre action, mais c’est une demande des consommateurs. Si je n’ai pas ces produits et que mon concurrent les a, ils ne viennent plus chez nous. Depuis une dizaine d’années, on a vraiment poussé vers le local. »

Dans la délégation, ils sont quelques-uns à promettre un automne musclé et Damien Garrigues n’est pas le dernier. « Après la loi Duplomb, le Mercosur arrive comme un rouleau compresseur et la prochaine étape, ce sera de vider les camions étrangers à la frontière. De plus en plus d’agriculteurs arrêtent, ils n’en peuvent plus. Quand on aura tué notre génération, qui reprendra ? Pas nos enfants en tout cas… »

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