September 13, 2025

18 ans de prison pour le meurtre d’Alim à Bellefontaine, un coaccusé acquitté

l’essentiel
Au terme d’un procès marqué par les non-dits et la peur des témoins, la cour d’assises de Haute-Garonne a condamné Omar D. à 18 ans de réclusion criminelle et Karim B. à un an avec sursis pour leur implication dans la mort d’un jeune homme à Toulouse. Abdelkader Z., initialement accusé d’être l’un des meurtriers, a été acquitté.

« Vous devrez vous baser sur des éléments objectifs et pas sur des on-dit », prévient l’avocat général lors de son réquisitoire, en s’adressant aux jurés. Le ministère public insiste sur l’omerta pesant sur les débats, évoquant une ambiance d’intimidation sans précédent : « Je n’ai jamais vu un dossier avec ce sentiment de pression sur les épaules des témoins. Ils ont quasiment tous dit qu’ils avaient peur. »

Le 26 décembre 2020, une véritable scène de western urbain secoue le quartier Bellefontaine, à Toulouse, selon plusieurs témoins. Vers 18h30, une voiture surgit à vive allure et des coups de feu sont tirés en direction d’une barre d’immeuble, relate Valérie Noël, présidente de la cour d’assises. Deux heures plus tard, l’épisode se répète : nouveau véhicule, nouveaux tirs, et un homme – qui deviendra la victime – se réfugie en urgence dans une résidence. Il est retrouvé un peu plus tard au 7ᵉ étage, baignant dans une mare de sang, touché à la jambe. Le jeune homme, décrit comme un « blédard » d’une vingtaine d’années, est mort.

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Tout au long des audiences, la cour d’assises de Haute-Garonne a été confrontée à un flot de rumeurs et à des témoignages souvent divergents, qui ont compliqué la quête de vérité autour de la mort d’Alim, dit le “clando”.

Une confidence à un chauffeur

« Nous savons qu’il y a un contentieux sur fond de stupéfiants entre Omar et la victime. Nous savons qu’il est sur les lieux. Nous savons qu’il prend la fuite et qu’il y a eu des pressions sur les témoins le soir même. » Au cours de cette fuite, les deux hommes se seraient d’ailleurs confiés au chauffeur : « On a fait une connerie, nous avons tiré sur un mec, je crois qu’il est mort », lâche Omar ce jour-là. Des aveux qu’il niera tout au long de la semaine.

Dix-huit ans sont requis contre Omar D, dix ans contre Abdelkader Z., suspecté d’être le coauteur du meurtre. Douze mois seulement sont demandés à l’encontre du troisième homme, soupçonné d’avoir seulement dégradé le véhicule qui a servi à acheminer la victime sur le lieu du guet-apens.

« Monsieur l’avocat général nous dit que ce n’est pas le procès de la rumeur, pourtant de cette rumeur tout le monde en parle », souligne Me Jessica Guy, qui assure la défense d’Omar avec Me Jacques Derieux. Elle renchérit : « Dans ce dossier, le mensonge aura tout pollué. »

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Cinq heures de délibération

Sur le banc de la défense, Me Eric Mouton, avocat de Karim B., invoque l’effet de groupe, un phénomène social souvent observé dans ce type d’affaires. Il introduit le « quatrième personnage » de l’affaire : le quartier, avec ses propres règles et codes. Me Majid Diab, avocat d’Abdelkader Z., prend ensuite la parole pour plaider. Il conteste toute coaction et pose une seule question : « Abdelkader Z. a-t-il tué la victime ? » Et de poursuivre : « Tout au long des débats, progressivement, tous les témoins le disculpent. » Il demande que son client soit tout simplement acquitté.

Après cinq heures de délibération, la cour tranche : Abdelkader Z. est acquitté, tandis qu’Omar D. et Karim B. écopent respectivement de 18 ans de réclusion criminelle et de six mois d’emprisonnement avec sursis probatoire.

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