Alors que son assemblée générale approche, l’association Propriétaires 47 réclame notamment la suppression de la taxe foncière et des droits de succession.
La canne, le chapeau haut-de-forme, la redingote et le ventre gonflé comme une voile un jour de grand vent… « Ils » sont aujourd’hui loin des caricatures du riche bourgeois de Daumier (1808-1879) ou Demare (1846-1888). « Ils », ce sont les adhérents – 250 foyers – de Propriétaires 47 dont le siège est à Agen.

En tant que président de cette association à but non lucratif qui assiste et conseille les propriétaires et copropriétaires immobiliers du Lot-et-Garonne, Jean Ferrando s’efforce de déconstruire cette image « stigmatisante » du gros propriétaire, « de démystifier ».
« Nous formons une force silencieuse »
« Nous ne sommes pas des gens qui ont l’habitude de manifester, dit-il. Nous formons une force silencieuse qui paie rubis sur l’ongle toutes les taxes qui nous sont imposées en permanence. Et nous ne faisons pas de politique. Nous sommes transpartisans ».
« Il faut arrêter la lutte des classes avec l’idée qu’un propriétaire est forcément un salaud et le locataire quelqu’un de bien, ajoute Alain Merly, membre du comité directeur. 65 % des propriétaires ont 1,4 logement. Nous ne sommes ni des héritiers, ni des nantis ni des profiteurs ».
Dans le Lot-et-Garonne, plus de six ménages sur dix sont propriétaires, soit 152 670 logements privés dont 54 413 locatifs. L’immobilier commercial privé représente 30 298 commerces, bureaux, ateliers, usines, garages, etc. « Notre objectif est de les aider (*) parce que la propriété privée est quand même la richesse de la France », explique Jean Ferrando.
« Si tu n’as plus d’investissement privé, les communes crèvent »
Invitée de droit dans de nombreuses commissions de conciliation (baux d’habitation, des services fiscaux pour les contribuables, des impôts directs et taxes sur le chiffre d’affaires pour les usagers) mais aussi au sein de la fameuse CCAPEX (Commission de Coordination des actions de prévention des expulsions locatives 47), Propriétaires 47 fonctionne en toute indépendance.
Son comité directeur ne cache pas aujourd’hui son inquiétude. De moins en moins de particuliers s’engagent dans la voie de l’investissement immobilier, préférant le confort d’un placement bancaire. « Investir dans la pierre est un parcours du combattant, souvent décourageant », regrette Alain Merly avant de mettre sa casquette d’ancien maire : « Or si tu n’as plus d’investissement privé, les communes crèvent ».
Alexandre Jardin et Karine Duc sont invités
Alors son assemblée générale est programmée le 19 septembre prochain à Bon-Encontre, les défenseurs des propriétaires ont trois revendications : la suppression de la taxe foncière TFPB, des baux libres et la suppression des droits de succession et de donation (lire notre encadré).
Ces sujets seront évoqués à l’AG où trois invités de marque sont attendus : Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’IFRAP (Institut fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), Alexandre Jardin du Mouvement « Les Gueux » et Karine Duc, présidente de la chambre d’agriculture. D’autres points seront certainement abordés comme les squatteurs ou le DPE. « Notre objectif est de dénoncer les incohérences actuelles et de valoriser le bon sens ».
Trois revendications
Propriétaires 47 porte trois demandes :
– La suppression de la foncière TFPB : « Au moins, tout le monde payait la taxe d’habitation, explique Jean Ferrando. Aujourd’hui, il ne reste que la taxe foncière à payer. Elle n’est payée que par les propriétaires. Elle finance les collectivités, dont profitent aussi bien les locataires que ceux qui ne la paient tout en profitant des services. Donc c’est une inégalité devant la loi et devant notre République ».
– Les baux libres : « Cela existe dans d’autres pays, indique le président de Propriétaires 57. Le principe : vous signez un bail et, si vous ne payez pas dans le mois qui suit, vous êtes expulsé ». La caution, la durée et la résiliation sont à la convenance des parties. Selon l’association, il instaure des rapports locatifs plus équitables.
– La suppression des droits de succession : « C’est un vol manifeste, selon l’association. L’État s’arroge le droit de ponctionner ce que nos parents ont mis toute une vie à bâtir ».