À Toulouse, la production des Cachous Lajaunie, petits bonbons à la réglisse, est à l’arrêt depuis plusieurs mois. Un entrepreneur biterrois a lancé un appel au propriétaire pour la relancer. Il a expliqué ses motivations à La Dépêche.
Pourquoi avoir lancé un appel au propriétaire de Cachou Lajaunie pour relancer la production ?
Rémy Groussard : La société qui détient Cachou Lajaunie, Perfetti Van Melle, est une structure italo-néerlandaise, un grand groupe. Ils ont racheté la marque il y a quelques années, sans jamais vraiment chercher à la développer. Pour eux, c’était une marque parmi tant d’autres. Moi, je suis convaincu du contraire. Cachou Lajaunie n’est pas une marque comme les autres. C’est un morceau de patrimoine. Et je crois que ma propre marque, Tonton Pierrot, n’est pas non plus une confiserie ordinaire. Nous avons résisté au temps, et nous avons une identité forte.

Qu’est-ce qui vous rattache à Cachou Lajaunie ?
D’abord son histoire. La société Cachou Lajaunie a été créée en 1880 à Toulouse, en plein cœur de l’Occitanie. Moi, je suis originaire de Béziers. Toulouse, c’est la capitale régionale, et ce produit fait partie de notre identité. Ensuite, il y a le symbole. Trop d’entreprises disparaissent les unes après les autres. La Cure Gourmande, par exemple, a été placée en liquidation judiciaire. Quand j’ai appris que ce groupe décidait d’arrêter Cachou Lajaunie, je me suis dit qu’il fallait réagir. Car ce n’est pas seulement un produit, c’est un souvenir collectif, une culture du plaisir simple et raisonné. Chez Tonton Pierrot, nous défendons exactement cette idée : la gourmandise, oui, mais dans une consommation raisonnée.
À lire aussi :
“Un morceau de notre patrimoine” : l’émotion à Toulouse après la disparition du Cachou Lajaunie
Quelle est l’activité des Ateliers de Tonton Pierrot ?
Mon père a créé la marque en 1995. L’idée était de mettre en beauté le bonbon, non pas en vrac comme dans l’industrie, mais en créant des formes festives : brochettes, gâteaux, compositions originales. Notre philosophie, c’est de proposer des portions raisonnables. 90 % de notre gamme correspond à des formats de 55 grammes environ. Nous ne voulons pas encourager le sachet énorme qu’on engloutit devant la télévision. Chez nous, le bonbon est lié à un moment particulier, un cadeau, une fête. Aujourd’hui, nous sommes présents dans près de 50 000 points de vente, en France et en Europe. Cela prouve que nous savons distribuer largement et efficacement.
Vous vous sentez donc légitime pour donner une nouvelle vie à Cachou Lajaunie ?
Nous avons les capacités. Relancer une ligne de production, ce n’est pas seulement racheter des machines. C’est aussi être capable de distribuer rapidement le produit. Les lignes industrielles doivent tourner en continu, on ne peut pas les allumer deux heures puis les arrêter cinq. Notre force chez Tonton Pierrot, c’est justement notre réseau. Nous avons la logistique, les clients en France et en Europe, et une stratégie claire d’élargissement de notre catalogue. Accueillir une marque comme Cachou Lajaunie serait cohérent et réaliste.
À lire aussi :
“On brade méthodiquement notre patrimoine” : à Toulouse, la vente d’un immeuble en plein centre-ville rallume les tensions
Pourquoi est-ce plus facile de passer par les médias ?
J’ai tenté tous les canaux : LinkedIn, X [ancien Twitter, NDLR], le site internet, même un appel au siège social. Rien. Leurs dirigeants sont très difficiles à atteindre. Je trouve absurde qu’ils préfèrent subir une mauvaise publicité plutôt que de discuter avec quelqu’un qui se dit prêt à reprendre la production. D’autant plus que la machine elle-même ne doit pas valoir grand-chose : c’est du matériel ancien. Mais les consommateurs, eux, réagissent. Et ça, ils ne l’avaient sans doute pas anticipé. La suite dépend d’eux, tant que je n’ai pas de retour, je ne peux pas avancer.
Une pétition pour sauver Cachou Lajaunie a été lancée. Vous l’avez signée ?
Oui, elle prouve l’attachement des gens et appuie ce que je ressens : ce ne sont pas juste des bonbons. Ces boîtes jaunes reconnaissables entre mille font partie du paysage toulousain et du patrimoine français. Mon rôle, en tant qu’entrepreneur français, c’est d’éviter que ça disparaisse. Notre patrimoine est incroyable, et pas seulement dans la gastronomie. Mais dans la confiserie en particulier, nous avons des trésors.