September 8, 2025

"Ce n’est pas un tsunami de cyberviolences, mais il faut être capable d’alerter les élèves", explique l’académie de Toulouse

l’essentiel
Virginie Selmi, responsable du pôle académique de lutte contre le harcèlement à l’académie de Toulouse, créé en 2023, évoque son dispositif qui traite en moyenne une dizaine de situations par an ayant trait au cyberharcèlement au collège. Entretien.

En quoi consistent les missions du pôle académique de lutte contre le harcèlement à l’académie de Toulouse, créé en 2023 ?

Elle est constituée d’une référente académique et des responsables départementaux. Ce sont des nouvelles missions à 100 %. Après la présentation par Elisabeth Borne, lorsqu’elle était Premier ministre, du plan interministériel de lutte contre le harcèlement des moyens ont été donnés aux académies. Pour aller plus loin en matière de prévention.

Virginie Selmi, responsable du pôle académique de lutte contre le harcèlement à l’académie de Toulouse.
Virginie Selmi, responsable du pôle académique de lutte contre le harcèlement à l’académie de Toulouse.
Photo – Virginie. S

Depuis deux ans, combien de situations de cyberharcèlement avez-vous eu à traiter ?

Sur le cyberharcèlement et les typologies de violences que l’on gère dans notre cellule, on ne fait pas face à une vague, ce n’est pas un tsunami de cyberviolence grave qui touche nos élèves sur l’académie de Toulouse. Le cyberharcèlement s’étale de l’école primaire jusqu’au lycée est assez classique, avec un focus sur le collège car ce sont des années charnières et l’on a un taux plus important de situations qui restent classique : des moqueries sur des groupes WhatsApp. On ne vit pas dans l’académie de Toulouse des situations telles que le revenge porn, qui existent dans d’autres académies. On a eu quelques petites situations que l’on a traitées avec un accompagnement. En revanche, il y a de la prévention, de la formation pour nos personnels afin d’avoir la bonne attitude et le bon traitement dans des situations qui, malheureusement émergent, touchent à l’intimité, ce qui est le plus frappant pour les jeunes.

L’arrivée de l’intelligence artificielle complique-t-elle la donne ?

On a quelques situations, mais elles sont ponctuelles. Elles concernent des inconnus et c’est très différent des situations que nous traitons généralement et qui concernent les élèves entre eux. On traite, on accompagne, on montre de la fermeté et un cadre aussi car cela peut avoir un impact sur la santé mentale, et on essaye d’être au plus près des nouveautés. Car la difficulté des cyberviolences est qu’elles sont polymorphes et qu’elles évoluent régulièrement. Cela demande aux professionnels que nous sommes de connaître l’évolution des pratiques et des usages sur les réseaux. Quand l’IA arrive avec des deepfakes ou les sextorsions (arnaque aux sentiments), du genre une personne extérieure qui se fait passer pour un élève, en utilisant une fausse image fabriquée par l’IA, on voit même des modifications de la voix. L’objectif étant d’obtenir des images intimes de l’élève à des fins malveillantes.

Comment fonctionnent vos équipes sur le terrain d’une situation particulière ?

Il faut qu’on soit capable d’alerter, de sensibiliser les élèves. On fait ça avec des cyberambassadeurs que nous avons formés et qui sont sensibilisés sur les cyberviolences : cybersexisme, revenge porn, les nudes. Mais la question de comment de déconnecter, car il y a les extrêmes et le quotidien, est la plus courante chez les élèves. On scrolle, on y passe quelques heures et on perd le fil. Cela tourne autour de l’économie de l’attention. Il ne faut pas diaboliser les outils mais éduquer les élèves sur cette prise de conscience. Que l’objet lui-même, le téléphone, soit mis à distance, c’est aussi le but de l’équipe mobile de sécurité sur l’académie de Toulouse. Mais on est tous concernés, les parents y compris.

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