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Le Nouvel Obs avec AFP
Une photo de Carlo Acutis sur la façade de la Basilique Saint Pierre, au Vatican le 7 septembre 2025. FILIPPO MONTEFORTE / AFP
Carlo Acutis, adolescent italien féru d’internet mort en 2006 à l’âge de 15 ans et surnommé le « cyber-apôtre », a été canonisé par le pape Léon XIV au Vatican dimanche 7 septembre. Il devient ainsi le premier millenial déclaré « saint ».
Lors d’une messe solennelle, le pape américain a prononcé la formule en latin actant la canonisation de Carlo Acutis. Une foule compacte était rassemblée dimanche matin au Vatican pour ces canonisations. L’étudiant laïc Pier Giorgio Frassati (1901-1925), un passionné d’alpinisme réputé pour son engagement social et spirituel, a également été canonisé.
« Je suis heureux de voir tant de jeunes ! » a lancé le pape Léon XIV à la foule, quelques minutes avant le début de la cérémonie.
Deux miracles reconnus
La place Saint Pierre, au Vatican, le 7 septembre 2025.
FILIPPO MONTEFORTE / AFP
La canonisation de Carlo Acutis, emporté à l’âge de 15 ans par une leucémie foudroyante, était initialement prévue le 27 avril, mais avait été reportée en raison de la mort du pape François. Surnommé le « cyber-apôtre » ou « geek de Dieu » pour ses talents en informatique qu’il mettait à profit pour parler du Christ, ce jeune homme né à Londres en 1991 dans une famille peu pratiquante était habité d’une foi précoce et brûlante, au point de se rendre à la messe chaque jour.
Le Vatican a reconnu à Carlo Acutis, béatifié en 2020 par le pape François, deux miracles posthumes : la guérison d’un enfant brésilien atteint d’une rare malformation du pancréas, puis celle d’une étudiante costaricienne grièvement blessée dans un accident.
Avec près d’un million de visiteurs en 2024, selon le diocèse, la fréquentation est en hausse continue au Sanctuaire de la Spoliation à Assise (centre) où le corps de l’adolescent, visage joufflu et cheveux de jais, est exposé en jeans, baskets et veste de jogging.
Une identification plus facile
Comme le veut la tradition, une tapisserie avec une photo du jeune homme, vêtu d’un polo rouge et portant un sac à dos, a été déployée sur la façade de la basilique Saint-Pierre au Vatican, une image qui tranche avec les portraits habituels de saints.
L’Eglise catholique promeut le parcours du jeune homme auprès des jeunes, qui s’identifient plus facilement à sa vie quotidienne qu’avec le quotidien austère de certains martyrs du Moyen-Âge.
La canonisation – étape finale vers la sainteté dans l’Eglise catholique, succédant à la béatification – est le fruit d’un long et méticuleux processus et ne peut être approuvée que par le pape. Elle requiert trois conditions : être mort depuis cinq ans au moins, avoir mené une vie chrétienne exemplaire et avoir accompli au moins deux miracles.
Cette décision fait l’objet d’un « procès » (enquête) instruit au Vatican : des spécialistes (médecins, théologiens) sont notamment chargés d’évaluer l’existence de miracles – souvent des guérisons non expliquées scientifiquement.
Le procès de canonisation du jeune homme a été extraordinairement rapide.
« Verso l’alto »
Un portrait de Pier Giorgio Frassati déployé sur la façade de la Basilique Saint Pierre, au Vatican, le 7 septembre 2025. FILIPPO MONTEFORTE / AFP
Déclaré « saint » à ses côtés dimanche, Pier Giorgio Frassati, né à Turin dans une famille bourgeoise, avait rompu avec le parcours de son père, sénateur et fondateur du quotidien « la Stampa », pour se mettre au service des pauvres et des malades de sa ville. Mort à 24 ans d’une poliomyélite, cet étudiant en ingénierie, béatifié par Jean-Paul II en 1990, résumait son idéal par la devise « Verso l’alto », toujours tendre vers le haut.
Cette cérémonie de canonisation, la première pour le pape Léon XIV depuis son élection en mai, intervient en plein Jubilé, « Année sainte » de l’Eglise catholique.