September 5, 2025

"Nous ne censurerons pas un Premier ministre de gauche" : les Républicains prêts à se ranger derrière un chef de gouvernement socialiste ?

l’essentiel
Depuis quelques jours, à droite comme à gauche, les leaders politiques donnent des signes d’ouverture. Tous souhaitent qu’un budget soit voté afin d’éviter de nouvelles élections législatives.

L’histoire semble se répéter sans fin… Il y a un an tout juste, Emmanuel Macron était à la recherche d’un Premier ministre. De gauche, de droite ? Il hésitait entre Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand. Mais l’un comme l’autre semblait menacé par une censure venue du camp d’en face. 365 jours plus tard, c’est entre Sébastien Lecornu, ex-LR, et le patron des socialistes Olivier Faure que balance le cœur du président. Mais si en apparence le scénario semble s’écrire à l’identique, entre le 4 septembre 2024 et le 4 septembre 2025, le contexte n’est plus le même. Le président peut à nouveau dissoudre l’Assemblée nationale, et cela change tout.

À lire aussi :
Nouveau Premier ministre : le choix d’Emmanuel Macron semble se resserrer autour de Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand

Éviter l’instabilité

“Pour nous le pire serait une campagne législative juste avant les municipales”, s’inquiétait ce week-end lors des universités socialistes un cadre du parti à la rose. Et d’expliquer : “Cette fois nous devrions partir seuls, sans LFI mais peut-être aussi sans les Verts et le PC. Pour nous ce serait un carnage. Nous perdrions de nombreuses circonscriptions au profit des macronistes”. Le lendemain un ministre LR faisait une autre analyse : “Il nous faut absolument éviter une dissolution avant les municipales. Nos électeurs ne nous pardonneraient pas une période d’instabilité supplémentaire”. Deux préoccupations sensiblement différentes mais qui amènent à la même conclusion : le Premier ministre à venir doit durer et réussir à faire voter un budget.

Cazeneuve ou Lecornu ça passe

Pour l’y aider, à droite comme à gauche, l’heure est à l’ouverture. “Si Sébastien Lecornu est choisi on se débrouillera pour qu’il puisse faire passer son budget”, nous confiait un sénateur socialiste croisé à Blois. Il ajoutait “c’est un type bien Lecornu, qui sait décrocher son téléphone. Il y aura moyen de travailler avec lui”. “Moi, ce que je dis c’est : pas de connerie avant les municipales. Il faut donc absolument un budget pour la France quel que soit le Premier ministre, complète l’un de ses collègues du Palais du Luxembourg.

À lire aussi :
Nicolas Sarkozy sur la possible chute du gouvernement Bayrou : “Il n’y aura pas d’autre solution que la dissolution”

Sur l’autre rive, Laurent Wauquiez a déclaré hier sur BFM : “On ne censurera pas un gouvernement socialiste et on ne censurera pas un gouvernement du RN”. Bruno Retailleau n’est pas tout à fait sur la même longueur d’onde. “Si un gouvernement socialiste devait mener une politique contraire aux intérêts de la France, le devoir de la droite serait de l’empêcher”, lançait-il hier.

Mais un élu qui lui est proche nous expliquait : “Nous ne censurerons pas un Premier ministre de gauche. Un Premier ministre socialiste peut-être mais un Cazeneuve ou un Lecornu ça passe”. La nuance est de taille et l’ouverture est donc réelle bien loin des positions radicales d’il y a un an.

Faire des concessions

Voilà de quoi donner les coudées franches à Emmanuel Macron qui peut espérer que son futur Premier ministre reste plus longtemps que Michel Barnier. Mais il lui faudra accepter un infléchissement de la politique impulsée par l’Élysée depuis 2017. François Hollande l’a résumé ainsi hier lors d’une visite à la foire de Chalon : “Il faut aller chercher une politique qui puisse engager une majorité, il y aura forcément une majorité relative, mais (il faut) savoir qu’il y aura des concessions à faire, à ceux qui ne sont pas dans cette majorité pour que le pays soit à la fois gouverné sûrement mais aussi dans la justice”.

À lire aussi :
REPLAY. Vote de confiance : Retailleau contredit Wauquiez… “Le devoir de la droite serait d’empêcher un gouvernement socialiste”

Une période de calme pourrait donc enfin s’ouvrir. Mais de courte durée puisque, en mars, les municipales seront passées et les partis penseront déjà à la présidentielle. Le 4 septembre prochain, les positions des uns et des autres se seront sans doute à nouveau rigidifiées.

source

TAGS: