Figure du village où s’est tenue une rave part pendant cinq jours, et chef triplement étoilé de l’Auberge du Vieux Puits, Gilles Goujon dénonce “un manque de respect” des festivaliers.
Vous voyez les teufeurs qui sont en train de partir, quel est votre sentiment ?
Le soulagement. Enfin… Pour moi, ils auraient dû être évacués dès lundi. S’ils étaient partis à ce moment, il n’y aurait pas eu d’échauffourées. C’est ce que tout le monde attend depuis longtemps, les vignerons en premier lieu.
Vous avez qualifié à plusieurs reprises ce rassemblement de honteux…
Je trouve ça complètement immoral. Le problème, ce n’est pas de faire la fête, c’est de venir faire la fête sur les cendres. Les gens qui ont tout perdu, vous vous rendez compte de ce qu’ils ont fait ? C’est quelque chose d’intolérable. Moi, ça, je ne comprends pas. On ne vient pas dans la misère des gens mettre de la musique. C’est incroyable.
Vous comprenez pourquoi ils sont venus ici, dans cette zone reculée et calcinée ?
C’est une zone sinistrée, je ne comprends pas. J’ai entendu qu’ils devaient faire ça du côté de l’Hérault au début. Et puis, au dernier moment, ils sont venus ici. Alors, les organisateurs qui ont choisi ce site, ils l’ont choisi pour faire le buzz et augmenter leurs followers. On vient danser sur des champs brûlés. Ils m’ont dit c’est pour prouver que la vie reprend. Vous êtes gentils mais la vie reprendra sans vous. Ce n’est pas eux qui vont tailler, couper, nettoyer tout. La vie va reprendre, mais grâce aux gens d’ici.
Vous dénoncez un fossé entre ce que vit la population locale et la vision des teufeurs…
Je ne comprends pas qu’ils viennent ici, alors qu’on est en train d’essayer de faire des travaux pour tout aménager, pour enlever toute cette laideur qui est là. On travaille avec les habitants pour faire repartir la nature. Je veux souligner qu’il y a une belle solidarité. Le 15 septembre, il va y avoir un événement d’entraide avec 100 personnes. Ce sont des clients, amis, qui sont des gens de la région ou d’ailleurs qui viennent donner un coup de main. Ça, c’est une belle solidarité. Et à côté de ça, ces teufeurs qui viennent danser sur les cendres alors que s’ils avaient donné un coup de main, 2 500 paires de bras, ça nous aurait bien aidés.