À 71 ans, Mokhtar Bouderradjé sillonne chaque jour la rue de la Platé en fauteuil roulant. Trottoirs trop étroits, chaussée dégradée et voitures mal garées transforment ce passage quotidien en véritable parcours d’obstacles, que la mairie de Castres ne juge pourtant “pas alarmant”.
Il est 10 heures du matin, rue de la Platé. Comme beaucoup d’habitants du quartier, Mokhtar Bouderradjé sort faire ses courses. Mais pour ce retraité de 71 ans, chaque déplacement en fauteuil roulant s’apparente à une épreuve.
À peine engagé sur le trottoir, les premiers obstacles apparaissent. “Ici, ça va, il est encore assez large”, commente-t-il en avançant prudemment. Quelques mètres plus loin, l’espace se rétrécit brusquement. Impossible de croiser un passant sans descendre sur la chaussée, où circulent régulièrement des voitures. Et là, un autre obstacle se dresse : “La route est abîmée, il y a des trous. Quand je dois rouler dessus, c’est très difficile, voire dangereux”, explique-t-il.
“On laisse traîner et on oublie”
La rue, à sens unique, est étroite. Les véhicules y circulent, et certains se garent en mordant sur le trottoir. Mokhtar doit alors slalomer pour passer. “Regardez : là, je suis obligé de descendre, sinon je reste bloqué”, montre-t-il, en manœuvrant son fauteuil au bord de la route.
Pourtant, cette rue est l’un des passages les plus empruntés du quartier. La grande majorité des habitants l’empruntent quotidiennement pour rejoindre le Monoprix, le marché, la pharmacie et les commerces de proximité. On y passe tous les jours, souligne Mokhtar, qui connaît trop bien ses pièges.

Depuis son installation en octobre 2022, aucune amélioration n’a été constatée. “Oui, j’ai appelé la mairie, mais on m’a dit de parler aux services techniques. J’ai insisté pour parler à la secrétaire du maire, mais sans succès. Je sais comment ça fonctionne : on laisse traîner et on oublie”, soupire-t-il.
Pour Mokhtar, la demande est pourtant modeste. “Je ne demande pas de refaire toute la rue, juste de sécuriser ce qui doit l’être”, insiste-t-il. Sa démarche, dit-il, s’inscrit dans une conviction profonde : “C’est dans une démarche éco-citoyenne que je signale ce souci. L’éco-citoyenneté, c’est le développement durable et le bien-être des gens par rapport à leur environnement proche. Je pense que le maire ne sait même pas dans quel état est cette rue.”
“L’état n’est pas extraordinaire, certes, mais pas alarmant non plus”
Son ton reste ferme mais sans animosité. “Je n’ai rien contre la municipalité, au contraire, c’est une belle ville. Le maire a fait du bon boulot. Mais tôt ou tard, un accident surviendra si rien n’est fait. J’espère qu’ils prendront rapidement des mesures pour sécuriser cette rue.”
Interrogé, le maire de Castres, Pascal Bugis, a déclaré qu’aucuns travaux, “à courte échéance”, ne seraient réalisés dans cette rue “dont l’état n’est pas extraordinaire, certes, mais pas alarmant non plus et malheureusement d’autres endroits sont identiques en ville”. Le maire a ajouté : “À mes yeux, la circulation reste possible, même en fauteuil. On est sur une rue un peu ancienne mais elle a été refaite une vingtaine d’années.”