Depuis huit décennies, le Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie forme tous les maîtres-chiens de France. À Gramat, ce lieu d’élite conjugue rigueur, engagement et passion animale, comme en témoignent ses élèves et leurs compagnons à quatre pattes.
80 ans que le Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie forme des gendarmes maîtres-chiens à Gramat. Un anniversaire célébré en grande pompe début juin, marquant huit décennies d’excellence à Gramat. Et la réputation de sa formation n’est plus à faire : leurs interventions marquantes incluent les recherches du petit Émile et, en 2018, la découverte du corps de la jeune Maëlys.
Chaque année, trois sessions de formation ont lieu. Lors de la dernière, ils étaient 25 à participer. Ils sont divisés en cinq technicités : piste / défense, recherche d’explosifs, SAMBI (recherche simultanée de stupéfiants, d’armes, de munitions et de billets de banque), et piste / recherche de victime d’avalanches. “C’est la formation administrative qui détermine les besoins dans les différentes technicités”, détaille le Capitaine Philippe Dubourg. Car en réalité, le CNICG abrite 17 spécialités (garde / patrouille, assaut (GIGN), recherche de restes humains, recherche d’armes et de munitions, recherche de produits stupéfiants…).
Une épreuve éliminatoire
Mais avant de pouvoir intégrer cette formation, il faut avoir fait le stage de suppléant maître-chien. “Cela leur donne une première expérience dans la technique. Ils sont donc déjà venus au CNICG, ils ont déjà l’expérience de gestion du chien”, détaille le Capitaine. Ensuite, ils doivent faire un stage dans une unité opérationnelle pendant trois jours. Après avoir été identifiés et testés par la formation administrative, ils peuvent commencer le stage de maître-chien au centre gramatois.

Quand les stagiaires arrivent sur site, ils doivent passer une dernière épreuve. “C’est éliminatoire. Les hommes doivent courir huit kilomètres, et les femmes six kilomètres et demi. Il y a très peu d’échecs. Souvent, c’est à cause du physique : un coup de chaud, une cheville foulée… Les stagiaires peuvent tenter leur chance à nouveau plus tard, si la formation administrative juge qu’ils en sont capables”, affirme le militaire. Et enfin, le stage, qui dure quatorze semaines, peut enfin commencer.
“J’ai toujours aimé le contact avec les animaux”
Place à la rencontre entre le stagiaire et son chien. Des tests sont réalisés au préalable pour faire matcher au mieux la paire. “Depuis petite, j’ai toujours aimé le contact avec les animaux. J’ai fait un bac agricole, et j’ai très rapidement senti le besoin d’être au service de la population”, décrit Margot Youf, future maître-chien. Elle poursuit : “Le mariage (la rencontre entre l’élève et son animal – NDLR), j’attendais ça depuis longtemps ! C’est beaucoup d’émotions, il y a aussi un peu d’appréhension. Lex vient de la SPA. Il était content qu’on s’occupe de lui et de travailler, mais il ne me connaissait pas encore bien. Ça a pris du temps. Maintenant, il a compris qui j’étais. On s’occupe d’eux tous les jours”. Et la relation se passe à merveille. Car si le chien est là pour travailler et accompagner son maître, il faut également en prendre soin. L’animal devient un vrai compagnon.

Vient ensuite un autre moment très attendu dans la formation : l’affectation. Margot, elle, est partie en SAMBI (recherche simultanée de stupéfiants, d’armes, de munitions et de billets de banque). Pierre Mallaud, lui aussi en formation, a été affecté à la recherche d’explosifs. En réalité, c’est son deuxième stage. Son premier chien a dû arrêter ses fonctions pour raison médicale. “En explosif, on détecte toutes les traces dans les bâtiments, les voitures… Sur n’importe quelle surface, mais pas sur des personnes”, confie le maréchal. Le chien doit être capable de reconnaître une quinzaine d’odeurs différentes – toutes reconstituées dans des pots, abrités dans les laboratoires du site. Cela permet de les entraîner. L’animal doit signaler la charge à son maître, sans la toucher. Il reste assis face à elle jusqu’à ce que son maître le “clique”, soit lui permette de s’éloigner. La récompense : une balle. Car bien souvent, il est plus facile d’apprendre en jouant.
La formation dure 14 semaines. Le 14 juillet dernier, les maîtres-chiens ont reçu leurs insignes, signifiant la fin de leur stage. Direction leurs affectations, qu’ils connaissent dès le départ. Pierre Mallaud, par exemple, rejoint la gendarmerie maritime au port de Cherbourg.