La gare de Castres fête ses 160 ans cette année. De la première ligne entre Castres et Castelnaudary au célèbre Petit train des monts de Lacaune, gros plan sur ce mode de transport qui a bouleversé la vie des Castrais.
Il y a 160 ans, l’arrivée du train révolutionnait les mobilités des Castrais. Du premier train entre Castres et Castelnaudary au mythique Petit train des monts de Lacaune, retour sur le riche passé ferroviaire de la ville.
1865 : l’arrivée du train
Le dimanche 16 avril 1865 à 6h25, le premier train de voyageurs s’élançait de la gare de Castres. Un événement très attendu des quelque 20 000 habitants de l’époque, comme le relève le journal L’Aigle du Tarn en avril 1865 : “Tous les dimanches, une grande partie de notre population se dirige sur la route de Saïx pour visiter les travaux du chemin de fer de Castres à Castelnaudary”. Après deux ans de travaux, le chantier arrivait à son terme. Le dimanche 9 avril, un premier train reliait Castelnaudary à Castres. À son bord, le député de la circonscription, Eugène Pereire, par ailleurs fils de l’un des fondateurs de la Compagnie des chemins de fers du Midi. Selon L’Aigle du Tarn, “L’arrivée du train spécial était annoncée pour le 9 avril, à 5 heures 10 minutes du soir, mais le train est arrivé à la gare à 4h40. 30 minutes d’avance sur l’heure annoncée étaient un prélude favorable à la réception qui devait intervenir le lendemain”. En effet, le 10 avril, la commission donnait son feu vert à la suite d’un scrupuleux examen de la ligne. Dès le 16 avril, trois allers-retours par jour permettaient de relier Castres à Castelnaudary en deux heures, et Toulouse en correspondance.
Le développement et l’âge d’or
“Pour la Compagnie du Midi, la ligne Castelnaudary-Castres, c’est la percée vers le nord pour atteindre le charbon à Carmaux”, explique Michel Viers, fondateur du Rail miniature castrais et auteur d’un ouvrage sur le Petit train. “Jusque-là, le charbon descendait par bateau par le Tarn”. À la fin du 19e siècle, Castres se retrouve donc au cœur d’une étoile ferroviaire. En plus de la ligne de Castelnaudary à Castres au sud, trois autres lignes sont construites : au nord, une ligne rejoint Albi et Carmaux en 1869 ; à l’est, la voie ferrée atteint Mazamet en 1866 puis s’étend jusqu’à Bédarieux en 1889 ; à l’ouest, le chemin de fer relie Castres à Saint-Sulpice et Montauban en 1888. À Castres, le train connaît son âge d’or dans les années 1930. 500 cheminots travaillaient à la gare de Castres, qui abritait aussi un dépôt : “À son apogée, il est titulaire de 52 machines”, souligne Michel Viers. En 1935, les voyageurs ont l’embarras du choix. Un train express reliait Montauban à Bédarieux via Castres. Comptez 1h50 pour rejoindre Montauban et 2h05 pour aller à Bédarieux depuis Castres. D’autres trains reliaient Castelnaudary à Rodez via Castres et Albi. Les Castrais pouvaient rejoindre Albi en 1h15.
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Le “Petit train”, icône des lignes secondaires
En plus de ces grandes lignes, deux chemins de fer secondaires à voie métrique s’élançaient devant la gare de Castres. De 1905 à 1962, le “Petit train” des CFDT (Chemins de fer départementaux du Tarn) parcourait les monts de Lacaune, en passant par Roquecourbe, Brassac, Vabre, Lacaune, jusqu’à Murat. De 1930 à 1939, l’éphémère train électrique des VFDM (Voies ferrées départementales du Midi) connectait Castres à Toulouse par Soual, Cuq Toulza et Verfeil, ainsi que Castres à Revel.
Le train aujourd’hui
Après la Seconde Guerre mondiale, à cause de la concurrence de la route et du manque de rentabilité, les lignes vont fermer les unes après les autres. Aujourd’hui, seules les lignes de Castres à Mazamet et de Castres à Saint-Sulpice subsistent. Le dépôt de Castres est fermé le 1er juillet 1957, et la rotonde est détruite en décembre 2024. Néanmoins, deux locomotives à vapeur emblématiques du dépôt de Castres ont été préservées et sont visibles à la Cité du Train de Mulhouse. Côté marchandises, des trains acheminent ponctuellement du matériel pour le 8e RPIMa. Côté voyageurs, selon la SNCF, 170 116 personnes sont passées par la gare de Castres en 2024.