Les salariés du BHV sont appelés à la grève vendredi pour protester notamment contre l’arrivée de la marque asiatique de mode ultra-éphémère Shein dans les murs du grand magasin parisien, ont annoncé jeudi l’ensemble de ses organisations syndicales.
L’implantation pérenne de Shein, prévue en novembre au sixième étage de l’établissement parisien, “menace à court terme la survie du grand magasin déjà en sérieuses difficultés”, s’alarme l’intersyndicale. Pour contester contre ce projet, la CFDT, la CFTC, la CFE-la CGC, la CGT, et SUD Solidaires appellent à la grève ce vendredi 10 octobre. Le débrayage, prévu de 15 heures à 18 heures, s’accompagnera d’un rassemblement et d’une conférence de presse, a précisé l’intersyndicale dans un communiqué.
Des fournisseurs pas payés
Selon elle, la situation “n’a cessé de se dégrader” depuis la cession, en 2023, du fonds de commerce du BHV par les Galeries Lafayette à la Société des grands magasins (SGM), foncière commerciale cocréée en 2021 par le trentenaire Frédéric Merlin. “Plus de 300 emplois directs ont été supprimés, les fournisseurs ne sont plus payés et se retirent du BHV”, déplorent les syndicats, évoquant également des “carences d’entretien”.
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De nombreuses marques (Slip Français, Maison Lejaby, etc.) ont déserté à cause de retards de paiements, qualifiés de transitoires par la SGM, qui invoque la mise en place d’un nouveau système de comptabilité automatisé.
L’annonce récente du partenariat avec Shein, géant de l’e-commerce accusé de pollution environnementale et de conditions de travail indignes, a depuis poussé d’autres sociétés françaises (AIME, Culture Vintage, Talm…) à plier bagage.
Et mercredi, la Banque des territoires, entité de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), s’est retirée des négociations entamées en juin avec la SGM pour l’aider à racheter les murs du BHV, invoquant “une rupture de confiance”. “Tout d’un coup on a appris que la SGM allait être le cheval de Troie de Shein en France”, a justifié jeudi le directeur général de la CDC, Olivier Sichel, lors d’une rencontre organisée par l’Association des journalistes économiques et financiers (Ajef). “Cela ne correspond absolument pas à nos valeurs” en matière de “cohésion sociale et territoriale” et de “transition écologique”, a ajouté M. Sichel au sujet de ce “deal” découvert dans la presse.
La SGM a assuré de son côté avoir “d’autres partenaires qui ont confirmé leur engagement”. Selon l’intersyndicale, alors que la SGM avait précédemment “conditionné” la poursuite de l’activité du BHV “à la réussite de l’opération de rachat” des murs, les salariés “refusent de subir les conséquences d’une gestion irresponsable”.
Outre “l’arrêt immédiat du partenariat avec Shein”, elle réclame l’arrêt des “suppressions d’emplois déguisées”, le “paiement immédiat” des créances dues aux fournisseurs, “l’ouverture de négociations” sur “une stratégie commerciale viable” et “l’intervention des pouvoirs publics pour auditer la gestion de la SGM”.