À la tête d’un cheptel de 60 mères qu’il venait de faire redescendre de l’estive de St-Pé pour préserver les vaches lors des vêlages, Grégory Audoin vit depuis plusieurs jours sous la menace de vautours par dizaines, aux portes de l’étable tout près de Tarbes.
Quelques pas sur le pré suffisent à donner l’alerte. Aussitôt, les larges et sinistres carcasses émergent, se déploient et s’envolent un peu plus loin, en quelques battements d’ailes. “Mais si on ne revient pas, dans une heure ils seront de retour”. Depuis vendredi, Grégory Audoin doit composer avec le manège de bien indésirables voisins. Une menace inédite et permanente que ces vautours par dizaines qui pèse sur l’éleveur et son troupeau de vaches charolaises, à l’heure des vêlages. “D’habitude ils passent par ici mais là, ils s’avancent jusqu’à l’entrée de la stabulation et restent dans le pré avec les vaches. J’en ai compté jusqu’à 72 dimanche après-midi. Tout ça alors qu’on vient de redescendre le troupeau de l’estive à St-Pé de Bigorre pour qu’elles puissent mettre bas en sécurité. Mais aujourd’hui, ils nichent ici, dans le bois qui touche le pré, aux portes de Tarbes. Ils sont derrière les vaches en permanence, surtout lorsqu’elles se couchent. Ils tapissent les bois. Le veau ne va pas être sorti qu’ils seront dessus et s’en prendront aussi à la mère. On les effarouche comme on peut, mais ils reviennent sans cesse et on ne peut y être en permanence.”

Un vrai ras-le-bol pour l’éleveur d’Hibarette, alors que les agriculteurs doivent déjà composer avec la MHE, la FCO, les problèmes liés au gibier, et cette année la sécheresse. “Les vaches sont terrorisées, explique celui qui est aussi secrétaire de la FDSEA 65. Elles se sentent menacées et veulent rentrer sous les hangars. Ça crée du stress au moment du vêlage qui est déjà une période critique. Quel impact ça va avoir sur les mises bas, sur la lactation…”
Désabusé et remonté, Grégory Audoin réclame une prise de conscience et des actions des pouvoirs publics pour lutter contre la surpopulation de vautours qui poussent ces rapaces à coloniser la plaine. “Est-ce qu’on veut encore des élevages ici, s’inquiète-t-il. Je n’ai rien contre l’environnement et la biodiversité, bien au contraire, mais ces vautours n’ont rien à faire ici bas. Nous demandons que des mesures efficaces de régulation soient prises en urgence pour limiter les populations de vautours afin que ces oiseaux reviennent à leur comportement normal avec l’arrêt des nuisances pour les élevages. Il ne faut pas oublier de prendre en compte leur longue durée de vie (30 ans) et de reproduction (15 ans) dans les comptages. On a assez de problèmes, et maintenant ça. Si personne ne veut s’en occuper, on ne va pas se gêner pour le faire. À l’État d’agir, sans quoi…”, prévient l’éleveur qui multiplie les rondes au plus près de ses bêtes, en cette période plus critique que jamais.
