August 18, 2025

Nom de rue insolite. Qui se souvient du Toulousain Antonin Froidure, inventeur oublié du parachute carré ?

l’essentiel
À Toulouse, la place Antonin-Froidure reste un mystère pour bien des passants. Peu connaissent son nom, encore moins l’histoire de l’homme qu’elle célèbre. Pourtant, derrière ce coin discret du quartier Borderouge se cache un inventeur audacieux…

Quand on choisit de s’intéresser à la place Antonin-Froidure, à Toulouse, mieux vaut d’abord s’assurer que l’on parle bien du même lieu que ses interlocuteurs. L’appellation semble source de confusion, certains croyant même que la place porte un autre nom. C’est le cas de Mamy. Salopette en jean, la jeune femme attend son bus, à l’ombre des arcades qui conduisent à la pharmacie. Quand on lui demande le nom de l’esplanade, Mamy répond : “C’est la place de la Maourine”. S’il existe bien le parc de la Maourine, juste en face, en revanche, point de place à ce nom à l’horizon.

Même hésitation chez Jeanine. Les bras chargés de sacs de courses, la retraitée se creuse la tête sans parvenir à donner une réponse. “Antonin Froidure, oui voilà, c’est ça”, finit-elle par lâcher, une fois la solution suggérée. Et sait-elle qui il est ? “Non, pas du tout”, confesse-t-elle, un peu gênée.

“Un écrivain, peut-être ?”

“Il me semble que c’était un résistant, ou alors je confonds”, indique une Bordelaise en vacances chez ses enfants et donc tout excusable pour cette réponse inexacte. “Un écrivain, peut-être”, avance à son tour Jean-Pierre, polo bleu et lunettes de soleil opaques. L’homme habite à deux pas de là.”J’y passe souvent pourtant”, reconnaît-il, sans pouvoir justifier sa méconnaissance.

C’est finalement Valérie, accompagnée de son chien Ziggy, qui fournit la bonne réponse : “C’est un aviateur qui a inventé le parachute carré. Je l’ai lu sur les panneaux, juste là”, explique-t-elle, tandis que son chihuahua à poils longs s’impatiente au bout de la laisse. “Le parachute carré ? C’est incroyable, je ne savais pas que cela existait”, s’étonne à son tour Claudine, originaire de Caen. “Forcément, avec le Débarquement, chez nous on connaît bien le parachute rond, mais les carrés, non… “, sourit cette grand-mère, elle aussi de passage à Toulouse pour garder ses petits-enfants.

Les panneaux d’information, discrets sous les platanes, livrent pourtant des détails précieux. On y voit une photo d’Antonin Froidure (1892-1979), prise vers 1923, en combinaison d’aviation. Dans le sillage des pionniers tels que Clément Ader, les frères Voisin ou Louis Blériot, Antonin Froidure est né à Toulouse en 1892. Il travaille comme ouvrier à la Compagnie des Chemins de fer de l’Est à Pantin, puis devient visiteur à l’Entretien de l’Ourcq en mars 1919. Resté dans l’ombre, il ne connaîtra jamais la notoriété à laquelle son invention aurait pu le conduire.

Il en sort miraculeusement indemne

Passionné d’aviation, il met au point un parachute carré de 36 m², qu’il teste dans des conditions pour le moins rocambolesques. “En avril 1913, je me rendis au viaduc du Viaur à la limite du Tarn et de l’Aveyron, haut de 115 mètres, dans l’intention de sauter moi-même muni de ce parachute. Ce pont n’étant destiné qu’au chemin de fer, je dus me dissimuler avant le jour pour atteindre le milieu de l’arche… Ma carrière d’aviateur et de parachutiste aurait dû normalement se terminer par mon écrasement au sol”, écrit-il.

Les panneaux d’information livrent des détails précieux.
Les panneaux d’information livrent des détails précieux.
DR – DDM

Le manque de surface de toile et l’absence de cheminée dans la voilure accélèrent dramatiquement la chute. Antonin Froidure en sort miraculeusement indemne, avec seulement quelques égratignures. En 1927, il dépose un second brevet, cette fois pour un système de freinage par parachute destiné aux avions.

La place Antonin-Froidure reste aujourd’hui méconnue, à l’image de l’homme qu’elle honore. Une raison de plus pour lever les yeux… et lire les panneaux.

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