September 1, 2025

"En gros, ils sont propriétaires d’un gros tas de m…" : Dépolluer ou bloquer les nouveaux projets ? Le dilemme des opposants à la mine de Salau

l’essentiel
Alors que deux projets de recherche et d’extraction de tungstène en Ariège sont sur le bureau du ministre de l’Industrie, leurs opposants se sont retrouvés ce dimanche 31 août sur le site de l’ancienne mine de Salau, à Couflens, pour dénoncer par l’exemple les risques encourus.

Une cinquantaine de personnes se sont rendues sur le site de l’ancienne mine de Salau autour de Jacques Renoud, le coprésident du collectif Stop mine Salau (avec le micro).
Une cinquantaine de personnes se sont rendues sur le site de l’ancienne mine de Salau autour de Jacques Renoud, le coprésident du collectif Stop mine Salau (avec le micro).
DDM – J-O.B.

Les opposants aux projets qui visent à relancer l’extraction de tungstène en Ariège ne désarment pas. Alors que deux demandes de permis exclusif de recherches minières (PERM) sont à l’instruction au ministère de l’Industrie, le collectif Stop mine Salau organisait ce dimanche 31 août son 8e “Dimanche pour Salau”, à Couflens et sur le site de l’ancienne mine. Comme pour démontrer par l’exemple les risques qu’une nouvelle mine ferait courir à la population.

À lire aussi :
“L’Ariège n’est pas minable” : les opposants au projet de Néométal sur la mine de Salau déambulent dans les rues de Foix

Après une matinée didactique au cours de laquelle la cinquantaine de participants a pu échanger avec Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), et Jean-Marie Birbes, militant de la lutte contre l’amiante, le temps fort de la journée a été le retour sur le site de l’ancienne mine de Salau, fermé depuis près de 40 ans et propriété, pour sa plus grande partie, de la Fédération de chasseurs de l’Ariège. Ce que le coprésident du collectif Stop mine Salau, Jacques Renoud, résumait d’une phrase lapidaire : “En gros, ils sont propriétaires d’un gros tas de m…”

Une terre orange à l’odeur indéfinissable

Il ne faut parcourir que quelques dizaines de mètres depuis le seul bâtiment rescapé pour en voir les signes : un terril de glaise orange que la végétation, 40 ans après, peine encore à recouvrir et sur lequel flotte une odeur indéfinissable. “Sur cette partie, on est sur des déchets stériles, précise Jacques Renoud. Mais le reste, c’est du déchet minier. Il y en a 300 000 à 400 000 mètres cubes et autant au Plat des Pommiers, un peu plus bas.” Des déchets dans lesquels se mêlent arsenic, amiante, cadmium et plomb, lessivés par la pluie pour finir dans le torrent, une vingtaine de mètres en contrebas.

Les visiteurs sur le terril de 300 000 mètres cubes de déchets miniers de l’ancienne mine.
Les visiteurs sur le terril de 300 000 mètres cubes de déchets miniers de l’ancienne mine.
DDM – J-O.B.

Tandis que Jacques Renoud embrasse du geste les sommets alentour, objets de deux demandes de PERM, Albert, un membre du collectif, soupire : “Moi, ce qui m’inquiète le plus, c’est la pollution. Sur l’ouverture et la fermeture de la mine, on s’est complètement divisés. Après, il ne faut pas rêver, on ne peut pas dépolluer” – ce que Jacques Renoud lui-même reconnaît.

“Créer des pollutions, c’est du délire”

Dépolluer l’ancien site, bloquer les nouveaux projets ? Venue de Massat, Irma a son opinion : “Moi, je pense qu’il faut prendre les deux conjointement, dépolluer ce qu’il y a ici et bloquer même les études. C’est de l’argent gâché qui pourrait servir à la dépollution. Et comme c’est blindé d’amiante, relancer l’exploitation, ça ne sert à rien.”

À lire aussi :
Après le tungstène, l’or : une nouvelle entreprise se positionne pour rouvrir la mine de Salau, en Ariège

Sa voisine, elle, penche plus vers le blocage. “Ce qui me révolte, c’est qu’on va autoriser quelque chose qui fera du mal à la population, lance-t-elle avec force. Créer des pollutions, c’est du délire. C’est comme si l’humain n’avait pas de valeur.”

“Il faut respecter les lois qu’on a soi-même édictées”

Le blocage a aussi la faveur d’un petit groupe, assis à quelque distance sur la terre orange. “On voit bien que la nature reprend ses droits, le plus urgent, c’est de bloquer”, tranche Philippe. “Dépolluer, c’est autre chose, renchérit Lucienne. On ne sait pas du tout dans quelle mesure ce sera fait correctement, avec une gestion des déchets intelligente.” Lou opine : “Ça fait des années que la mairie et le collectif essayent de faire quelque chose, pour rien. L’urgent, c’est de stopper le projet, de ne pas faire plus de déchets.”

Le collectif Stop mine Salau ne désarme pas et se tient prêt à retourner en justice.
Le collectif Stop mine Salau ne désarme pas et se tient prêt à retourner en justice.
DDM – J-O.B.

À lire aussi :
Mine de Salau : “Si on ne fait pas d’usine, on ne sortira pas de tungstène”… Le projet de NéoMétal labellisé par le pôle de compétitivité Avenia

Un sentiment d’urgence que partage finalement Jacques Renoud. “Ça fait 10 ans qu’on alerte, l’État a tout en main, il y a des preuves, martèle-t-il. Il y a de l’amiante partout ici et la loi interdit de travailler en terrain amiantifère. Alors quoi, une nouvelle étude ? Il faut respecter les lois qu’on a soi-même édictées.” Faute de quoi, comme il l’a déjà fait, le collectif “fera des actions en justice… Ou autre chose”, promet Jacques Renoud.

source

TAGS: