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Le Nouvel Obs avec AFP
Le président par intérim de la Syrie, Ahmed al-Charaa, à Damas le 27 juillet 2025 – photo diffusée par l’agence de presse officielle SANA AP/SIPA
Le président par intérim syrien Ahmed al-Charaa a affirmé que l’unification de la Syrie après des années de guerre civile ne devrait pas se faire « par la force militaire », et a accusé Israël d’ingérence dans le sud du pays.
Ahmed al-Charaa, dont les propos ont été rapportés ce dimanche 17 août par les médias officiels, s’est exprimé samedi, le jour où des centaines de personnes ont manifesté dans la province méridionale de Soueida à majorité druze pour dénoncer les violences communautaires de juillet et réclamer le droit à l’autodétermination.
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« Nous avons renversé le régime (de Bachar al-Assad) pour libérer la Syrie et il nous reste une autre bataille, celle d’unifier la Syrie », a dit Ahmed al-Charaa devant de hauts responsables et des notables de la province d’Idleb (nord-ouest).
« Elle ne doit pas se faire dans le sang ou par la force militaire (…) mais dans le cadre d’une entente, car la Syrie est fatiguée de la guerre », a-t-il ajouté.
Le président syrien a affirmé que « la Syrie n’est pas menacée de division. Certains veulent cela et la création de cantons mais c’est impossible ». « Certaines parties cherchent le pouvoir à travers des puissances régionales, Israël ou autres », a-t-il accusé.
Lors du rassemblement à Soueida, certains manifestants ont brandi le drapeau israélien et réclamé l’autodétermination de la région. « Soueida libre » ou « Al-Jolani dégage », ont-ils scandé, en référence à Ahmed al-Charaa, connu jadis sous son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani lorsqu’il dirigeait un groupe rebelle islamiste.
Les affrontements d’une semaine à Soueida avaient éclaté le 13 juillet entre combattants druzes et bédouins sunnites, avant de s’étendre avec l’intervention des forces gouvernementales et de volontaires venus d’autres régions.
1 677 morts selon une ONG syrienne
Damas affirme que ses troupes sont intervenues pour mettre fin aux violences. Mais des témoins, des factions druzes et l’Observatoire syrien des droits de l’homme les ont accusées d’avoir pris parti pour les bédouins et commis des exactions contre les druzes.
Selon l’OSDH, les violences ont fait environ 1 677 morts, majoritairement des civils druzes. 452 personnes auraient été exécutées par des membres des ministères de la Défense et de l’Intérieur, estime l’ONG.
Ahmed al-Charaa a reconnu que Soueida « a été le théâtre de nombreuses violations commises par toutes les parties, dont des membres des forces de sécurité et de l’armée. Les auteurs des violations répondront de leurs actes ».
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Il a accusé Israël, son voisin, « d’intervenir directement à Soueida, en mettant en oeuvre des politiques visant à affaiblir l’Etat (syrien) ». Israël, disant vouloir protéger les druzes et réclamant une démilitarisation du sud de la Syrie, avait bombardé les forces gouvernementales syriennes pendant les violences à Soueida.
Par ailleurs, au sujet de l’accord sur l’intégration des institutions kurdes au sein de l’Etat, le président syrien a dit qu’il « sera appliqué. Nous discutons des modalités de mise en oeuvre ». Les Kurdes contrôlent une grande partie du nord-est syrien et veulent la décentralisation, rejetée par Damas.